France : un blanc-seing pour les violences policières ?

L'Assemblée nationale française a adopté vendredi en première lecture l'article 24 de la loi "sécurité globale". Cet article controversé prévoit d'interdire la diffusion d'images des forces de l'ordre, tandis que la police sera dotée de son côté de nouveaux outils de surveillance et d'un arsenal accru. Une initiative qui suscite l'indignation et la mobilisation des médias et des organisations de défense des libertés fondamentales.

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Les Echos (FR) /

Incompatible avec la liberté de la presse

Dans un texte commun, les directions de rédaction de plusieurs médias français, dont Les Echos, s'opposent au projet du gouvernement :

«Responsables de rédaction, nous nous inquiétons de la volonté du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, de porter atteinte à la liberté de la presse dans le cadre des manifestations. La volonté exprimée d'assurer la protection des journalistes revient à encadrer et contrôler leur travail. Ce dispositif s'inscrit dans un contexte particulièrement inquiétant avec la proposition de loi sur la sécurité globale qui prévoit la restriction de la diffusion des images de policiers et de gendarmes. Les journalistes n'ont pas à se rapprocher de la préfecture de police pour couvrir une manifestation. Il n'y a pas d'accréditation à avoir pour exercer librement notre métier sur la voie publique. Nous refuserons, pour cette raison, d'accréditer nos journalistes pour couvrir les manifestations.»

Mediapart (FR) /

Contrer l'autoritarisme

Le débat touche à des questions démocratiques fondamentales, fait valoir un collectif contre les violences policières sur un blog hébergé par Mediapart :

«Il est urgent de contrer l'autoritarisme débridé et la société de surveillance promus par cette proposition de loi Sécurité globale. Mais il est tout aussi prioritaire de rompre avec les options sécuritaires désastreuses des quinze dernières années qui n'ont fait qu'exacerber les violences qu'elles sont censées réduire. La question policière, la gestion de l'ordre public et le choix de la désescalade doivent s'affirmer dans les priorités des acteurs d'une alternative politique, écologique et sociale. De quelle police avons-nous besoin ? Notre sécurité ne dépend-elle que de la police ? … Restrictions sur la liberté d'expression, la liberté d'information, la liberté de circulation… De quelle démocratie parlons-nous ? Quel rôle y occupent les forces de l'ordre ?»