Serbie : grande mobilisation contre le président Vučić ?

Pour le deuxième samedi d’affilée, des dizaines de milliers de Serbes ont organisé des blocages routiers dans tout le pays, en dépit des intimidations, pour protester contre un projet de loi du président Vučić. Celui-ci prévoit de faciliter les procédures d'expropriation dans le cadre de projets d'infrastructure jugés prioritaires pour le pays ; il permettrait notamment au groupe anglo-australien Rio Tinto d'exploiter d'importants gisements de lithium à proximité de la ville de Loznica.

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Peščanik (RS) /

Vučić donne des coups mais ne les encaisse pas

Les manifestants font usage de leur droit légitime à se défendre des offenses du gouvernement, explique Peščanik :

«La violence verbale quotidienne se déverse en torrent depuis les écrans, fait la une des titres de la presse à sensation. Notre dirigeant traite les citoyens d'un autre bord comme autant d'ennemis, et l'ennemi n'est même pas un citoyen de deuxième classe. Vučić ne parle pas, il menace. Mais ses entorses à la Constitution sont aussi des offenses faites à la dignité humaine. Les citoyens n'ont pas la possibilité de lui rendre la monnaie de sa pièce, sauf en se réunissant et en protestant. ... Tous les élus doivent pouvoir supporter les critiques, même celles du peuple. Pas les citoyens. Et pourtant, ils les essuient depuis près d'une décennie.»

Danas (RS) /

Le pire est encore à venir

Danas s'offusque du manque de scrupules des soutiens du président :

«Ce sont surtout les plus courageux qui subiront de plein fouet les affres de la violence, dont ils n'ont eu qu'un avant-goût lors des précédentes manifestations. Dans les petites communes rurales, ils sont sans défense face à l'action vindicative des partisans du régime. ... Dans ces contrées, on sort les flambeaux pour caillasser les manifestants ; on les percute en voiture ; des individus encagoulés sortent bâtons et marteaux avant de prendre la fuite dans des véhicules officiels. Cette violence, ce n'est pas seulement celle du coup de poing, saisie en direct par les caméras, c'est aussi celle qui s'immisce directement dans les chaumières, sur les bancs de l'école et au chevet des malades.»

Večernji list (HR) /

Des pseudo-émeutiers démasqués

Les manifestations organisées dans plusieurs villes serbes n'ont pas pu être dévoyées par les hommes de main du président Vučić, se réjouit Večernji list :

«Le régime a renoncé cette fois-ci à sa méthode éculée - la provocation par le biais de la violence policière. On a vu en revanche des groupes obscurs qui, sur ordre du régime, ont tenté de mettre à mal la mobilisation sans pour autant y parvenir. Les manifestants se sont organisés pour se défendre face aux brutes du régime ; ils les ont exclus de leurs rangs, ce qui a du reste été filmé et montré, afin que chacun puisse constater le modus operandi des brutes du régime. C'est une bonne nouvelle pour les manifestants et leur crédibilité, et une immense défaite pour Vučić et sa machine propagandiste.»

Telegram.hr (HR) /

Vučić s'est trompé lourdement

Ce mouvement de protestation pourrait être le début de la fin pour Vučić, estime Telegram :

«Vučić se sera finalement trompé dans ses calculs, car il n'a pas vu venir la mobilisation massive de citoyens outrés de se voir privés de leur pays et de leur santé. … Bref, il se retrouve confronté au soulèvement de la population, à laquelle s'est ralliée l'opposition ; il s'agit donc de la mobilisation de personnes prêtes à tenir bon et à bloquer tout le pays, de personnes qui n'ont pas peur des sbires du régime - un phénomène entièrement nouveau pour le pays. … Vučić s'est à tel point fourvoyé qu'il a oublié par quoi se soldait immuablement la violence lorsque celle-ci était utilisée pour réprimer de grandes manifestations en Serbie : par une destitution, et une irrémédiable défaite. Ici aussi, ce n'est qu'une question de temps.»