Début des Jeux olympiques de Pékin

La cérémonie d'ouverture des JO d'hiver a lieu ce vendredi à Pékin. En raison d'un protocole sanitaire strict, il n'y aura pratiquement pas de spectateurs sur les sites olympiques, tandis que les tribunes officielles seront surtout occupées par des dignitaires de régimes autoritaires, Poutine en tête. La presse se demande en quoi ces Jeux marquent un tournant.

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Les Echos (FR) /

Le pays affiche son assurance

Yann Rousseau et Frédéric Schaeffer, respectivement correspondants du journal Les Echos en Chine et au Japon, comparent ces Jeux à ceux de 2008 :

«La Chine n'a plus besoin des JO pour prouver son statut sur la scène mondiale. C'est une Chine puissante qui affiche une assurance de plus en plus visible au reste du monde. Son PIB a triplé depuis 2008 et le revenu disponible des ménages a été multiplié par sept. Avec un robot sur Mars ou encore une station orbitale en construction, la Chine ancre sa puissance dans l'espace. Elle fait fi du droit international pour étendre sa puissance militaire en mer de Chine méridionale. … La Chine estime aujourd'hui n'avoir aucune leçon à recevoir de personne et vante son modèle de gouvernance au reste du monde.»

Eesti Päevaleht (EE) /

Ne pas confier l'organisation des JO à des autocraties

Eesti Päevaleht craint pour sa part que les Jeux en Chine ne soient aussi une déception pour les sportifs :

«Ce seront des JO particuliers, et probablement pas dans l'acceptation positive du terme. Sur le plan sportif, ce ne sera pas un succès pour Pékin : trop d'athlètes seront exclus de la compétition en raison d'un test positif au coronavirus ou parce qu'ils sont cas contacts. Le point positif, c'est que le boycott étant seulement politique, les rangs des sportifs ne seront pas plus dégarnis qu'ils ne le sont déjà. Le boycott diplomatique est une bonne solution - les athlètes participeront aux Jeux tandis de nombreux chefs d'Etat ne se rendront pas en Chine, en guise de protestation contre les violations des droits humains dans le pays. Il serait bien sûr préférable de ne pas confier l'organiser des JO à des autocraties qui menacent leurs propres citoyens ou d'autres pays.»

Večer (SI) /

Laisser les sportifs faire leur travail

Večer critique le boycott diplomatique des Jeux organisé par certains pays :

«[La Chine] organise les Jeux d'hiver 2022 comme elle avait organisé les Jeux d'été 2008, avec la volonté de démontrer sa renaissance économique et de redorer son blason international. La partie de la planète qui s'autoproclame 'démocratique' a en partie ruiné ce grand projet chinois. Or les pays qui ont annoncé un boycott diplomatique bafouent eux aussi les droits humains, même s'ils ne le font pas de manière aussi systématique que la Chine à l'encontre des Ouïgours et des Tibétains. Que les politiques ne se mêlent pas de sport ! Les sportifs ont déjà des problèmes sanitaires à gérer, ils n'ont pas à résoudre en plus les problèmes de la planète.»

La Libre Belgique (BE) /

Le dernier spectacle de la démesure

Les Jeux de Pékin pourraient marquer la fin d'une ère, assure La Libre Belgique :

«Les excès auxquels on en est arrivé auraient enfin ému les dieux de l'Olympe du sport, désormais enclins à considérer qu'il faut être fréquentable pour accueillir les Jeux. C'est à tout le moins ce qu'on croit déceler dans le choix des prochaines villes olympiques. ... Cela suppose qu'il y ait assez de bons candidats. ... Pour y parvenir, il faut que l'organisation des JO redevienne plus accessible financièrement et qu'on en finisse avec la surenchère dans la démesure. Le spectacle et le business y perdront sans doute, mais il y a fort à parier que le sport, lui, y gagnera. La promotion de la démocratie et la défense des droits humains également.»

Tageblatt (LU) /

Un crime contre l'environnement

Tageblatt se penche sur l'aspect environnemental des Jeux :

«Des pistes de ski équipées de canons à neige ont été aménagées dans l'une des contrées les plus sèches et les plus venteuses de Chine. L'eau est pompée dans les montagnes à une distance de 60 km. La Chine compte pourtant des régions enneigées et des stations de ski dans le nord du pays, mais l'organisation des Jeux est liée au prestige de Pékin, qui doit devenir la première ville à avoir accueilli à la fois les JO d'été et d'hiver. ... Le territoire des parcs naturels a été réduit, sans autre forme de procès, pour développer les sites. Cela cadre-t-il vraiment avec la vision de Pierre de Coubertin, qui avait conçu les Jeux comme la 'rencontre de la jeunesse mondiale' ?»

Wiener Zeitung (AT) /

La Chine n'est pas un Etat normal

Les conditions dans lesquelles se déroulent les Jeux ne pouvaient être pires, déplore Wiener Zeitung :

«Les JO auront lieu, en dépit de la pandémie - Wuhan, vous avez dit Wuhan ? C'est ainsi qu'en ont décidé les autorités, et du reste, on ne demande l'avis de personne. Les Jeux jettent aussi leur ombre sur le journalisme. ... Les correspondants ne sont pas suffisamment informés, voire tout bonnement interdits d'entrée sur le territoire. Interdictions de visas, surveillance, intimidations et harcèlement sont à l'ordre du jour. ... Il est peut-être vrai que tout cela ne nous surprend pas. Mais on ne le soulignera jamais assez : la Chine n'est en aucune façon un Etat normal, pourvu de règles normales. Même si les instances sportives internationales ne semblent pas s'en soucier outre mesure.»

Primorske novice (SI) /

Où est l'esprit olympique ?

Les athlètes seront privés de véritable expérience olympique, déplore Primorske novice :

«Ces deux prochaines semaines, nous pourrons suivre de nouveau ce grand rendez-vous sportif depuis l'autre bout du monde, célébrer d'anciens et de nouveaux héros. Mais les participants ne pourront pas autant profiter de ces Jeux que les athlètes des précédentes olympiades. Sur les différentes sites, les sportifs participeront aux compétitions sans pouvoir entretenir de contact direct, sans spectateurs venus du monde entier, bref, sans pouvoir goûter à l'esprit olympique.»

Corriere della Sera (IT) /

Le nouveau monde de Pékin

Les JO sont le reflet d'un nouveau monde anti-occidental dont Pékin forme le cœur, assure Corriere della Sera :

«Le leader russe respectera certainement la trêve olympique et s'abstiendra de mener des actions militaires en Ukraine. Si l'Europe et les Etats-Unis peuvent gagner du temps, ils le doivent donc au calendrier chinois. Le signe symbolique que le centre du monde est en train de se déporter ailleurs. ... Une fois la trêve terminée, Poutine sait que si l'Ouest le frappe de sanctions, il pourra se rabattre sur la Chine. La Chine et la Russie sont en train de mettre en place un système financier alternatif à celui du dollar. L'usage du yuan ne cesse d'augmenter. ... D'autres pays, de l'Iran au Venezuela, ont déjà montré leur capacité à limiter l'impact des sanctions américaines.»