Macron à Kiev : le courant passe, mais quels résultats ?
Après sa visite à Moscou, le président français Emmanuel Macron s'est rendu à Kiev mardi. Son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, a remercié la France pour son soutien. Macron a surtout rappelé l'importance des accords de Minsk. Zelensky lui aurait assuré que l'Ukraine s'attacherait à les mettre en œuvre. Les commentateurs estiment toutefois que la balle est dans le camp de Moscou et Washington.
Les accords de Minsk ne servent pas les intérêts ukrainiens
La Russie et l'Ouest semblent d'accord sur la primauté des accords de Minsk pour aboutir à la paix, écrit Ilya Kouza sur Gordonua.com :
«Ils appuieront la mise en œuvre des accords de Minsk comme seule voie vers une désescalade et vers un compromis avec la Russie, car c'est la voie la moins douloureuse pour eux et celle qui compromet le moins leurs intérêts (je dis bien leurs intérêts, pas les nôtres). ... Européens, Américains et Russes sont d'accord sur ce que l'Ukraine doit mettre en œuvre pour obtenir un compromis : une amnistie, un statut autonome pour le Donbass et (éventuellement) la possibilité de négocier directement avec les territoires de Donetsk et Lougansk.»
Les limites de l'intercession française
In fine, Moscou et Washington devront résoudre eux-mêmes leurs désaccords, fait valoir Radio Kommersant FM :
«Macron laisse entendre qu'il comprend mieux que les Etats-Unis l'inquiétude de Moscou, qu'il discerne le fond du problème sans se laisser obnubiler par la manifestation la plus évidente du malaise - la crise ukrainienne - qui ne serait pour ainsi dire que la partie émergée de l'iceberg. Or il y a un obstacle insurmontable : toute la bonne volonté de Paris ne pourra venir à bout de l'antagonisme fondamental qui oppose Moscou à l'Ouest, car ce rôle échoit à Washington. Ce sera un processus long et laborieux. Les véritables intentions des Américains sont un mystère, pour la Russie comme pour les alliés des Américains, France y compris.»
Poutine sait parfaitement ce qu'il veut
El Periódico de Catalunya croit comprendre la stratégie du président russe :
«Poutine semble être le chef d'orchestre qui dicte le rythme des événements pour atteindre des objectifs concrets : réduire la résolution du problème à un accord avec Washington, entraînant de ce fait un affaiblissement inéluctable de l'Ukraine ; et diviser le camp européen, moyen indirect d'affaiblir les Américains en s'en prenant à leurs alliés. ... Tout cela sans dissiper l'impression que l'initiative de Macron est motivée par des facteurs de politique intérieure, et que si Biden veut faire monter les enchères, c'est pour faire oublier sa prestation lamentable en Afghanistan.»