Pénurie d'enseignants : l'éducation en état d'urgence ?

Partout en Europe, les vacances d'été touchant à leur fin, les élèves reprennent progressivement le chemin de l'école. Mais les écoles peinent à recruter des enseignants. Les départs à la retraite ne sont pas remplacés et beaucoup d'enseignants tournent le dos à l'éducation, en quête d'emplois mieux rémunérés. Tour d'horizon des médias européens.

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Le Monde (FR) /

Augmenter l'attractivité du métier d'enseignant

La réforme de la formation des professeurs, adoptée lors du premier mandat de Macron, a rendu encore moins attrayant le métier d'enseignant, critique le sociologue Pierre Merle dans Le Monde :

«Désormais, les étudiants ne passent plus leur concours à la fin du master 1, mais du master 2. Celui-ci est consacré à la rédaction d'un mémoire, un tiers-temps en établissement et la préparation de leur concours. Des exigences invraisemblables. La réforme a transformé plus de 20 000 professeurs stagiaires payés 1 500 euros net par mois en étudiants stagiaires payés moitié moins. En catimini, le ministre Blanquer a paupérisé l'entrée dans le métier. Pour réaliser des économies dérisoires, il a sacrifié l'avenir. Les conséquences en sont connues. A la rentrée 2022, des contractuels vont être recrutés en masse.»

Új Szó (SK) /

Un funeste abrutissement

La situation de l'éducation prend une tournure dramatique en Slovaquie, souligne Új Szó :

«Des études prévoient qu'il manquera quelque 8 600 enseignants dans les écoles slovaques en 2025. ... Le système d'éducation étant sous-financé, les écoles se trouvent dans un état déplorable. Partout, les supports pédagogiques font défaut. ... La mauvaise rémunération des enseignants se charge du reste. ... Si la situation continue de se détériorer dans l'éducation, nous finirons complètement abrutis. Les élites au pouvoir, qui cherchent précisément à nous abrutir, pourraient alors nous manipuler, nous contrôler, nous opprimer et nous monter les uns contre les autres à leur guise.»

Élet és Irodalom (HU) /

Les annonces ronflantes ne suffisent pas

Alors que le Premier ministre a vu son salaire rondement augmenté, les enseignantes et les enseignants restent sur leur faim, critique Élet és Irodalom :

«Le gouvernement a fait l'annonce ronflante qu'il comptait augmenter les salaires des enseignants de dix pour cent par ans les trois prochaines années. Une augmentation qui est déjà neutralisée cette année par l'inflation. ... En Hongrie, un enseignant diplômé gagne environ 210 000 forints net (500 euros environ) en début de carrière. En comparaison, on est interloqué que le salaire brut d'Orbán soit récemment passé de 1,3 millions de forints (environ 3 140 euros) à 3,5 millions de forints (environ 8 450 euros).»

Český rozhlas (CZ) /

Il est toujours important d'investir dans l'éducation

Český rozhlas se dit plutôt optimiste pour l'éducation en Tchéquie :

«Heureusement, le gouvernement a récemment décidé de revaloriser le salaire des enseignants, qui sera porté à 130 pour cent du salaire moyen - même si cette revalorisation ne sera pas effective avant 2024. ... Au demeurant, les négociations sur le budget de l'année prochaine s'annoncent compliquées. Il y aura beaucoup de mains tendues, afin d'aider ceux qui sont durement affectés par les crises. Dans ce contexte, les investissements dans l'éducation pourraient être reportés à des temps meilleurs. Mais même en période de guerre, l'éducation doit être une priorité, pour que la Tchéquie devienne plus concurrentielle et plus résiliente face à d'autres crises.»