Le PPE adoube-t-il l'extrême droite italienne ?

En déplacement à Rome, le président du Parti populaire européen (PPE), Manfred Weber, a apporté son soutien à Forza Italia, la formation de Silvio Berlusconi, aux législatives du 25 septembre. L'alliance conclue par Forza Italia avec le parti d'extrême droite Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni et la Lega de Matteo Salvini pourrait l'emporter. La presse s'alarme de cette prise de position.

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El País (ES) /

Weber banalise l'extrême droite

El País s'offusque des propos de Weber à Rome :

«Ce précédent ouvre la voie à une tempête nationaliste-populiste qui ne présage rien de bon pour la droite modérée européenne. Le président du PPE a affirmé qu'il n'avait discerné dans le programme de la coalition aucune contradiction majeure quant à sa conception de l'Europe. Weber oublie les tensions survenues avec Bruxelles en 2018, sous le gouvernement formé par la Lega de Matteo Salvini et le M5S. ... Le PPE rompt ainsi le consensus européen quant à l'isolement de l'extrême droite - une posture du reste scrupuleusement respectée par sa compatriote Angela Merkel vis-à-vis de l'AfD.»

La Repubblica (IT) /

Du pain bénit pour les eurosceptiques

Si Meloni devient Première ministre, Paris perdra un de ses premiers alliés dans l'UE, déplore l'historien et sociologue Marc Lazar dans La Repubblica :

«Emmanuel Macron et Giorgia Meloni mettraient de côté leurs différences passées et chercheraient à s'entendre de manière pragmatique sur tel ou tel point, sans grand enthousiasme. Macron est en effet un fervent europhile, tandis que Meloni, en dépit de ce qu'elle affirme aujourd'hui, reste fondamentalement eurosceptique, plus intéressée par la souveraineté nationale que par la souveraineté européenne portée par le président français ; plus attirée par Varsovie que par Paris.»

Le Point (FR) /

Les Italiens méritent mieux

Bernard-Henri Lévy, philosophe et chroniqueur au Point, témoigne des inquiétudes que lui inspirent les partenaires de Meloni :

«Avec Matteo Salvini, nous avons débattu, il y a deux ans, sur une chaîne de télévision italienne. J'attendais Matamore - je trouvai Scaramouche. On m'avait annoncé un condottiere - c'était un mélange de casinotier de film de Scorsese et de second couteau du clan Corleone. Mais, surtout, j'avais face à moi le type même du poutinien d'Europe qui laissait déjà ses proches glaner roubles et pétrodollars à Moscou, qui négociait le futur du peuple italien dans des deals d'arrière-salles embuées de vodka. … Les Italiens méritent mieux.»