Edito: Macron s’égare à Washington
Un édito de Philippe Paquet.
- Publié le 26-04-2018 à 06h59
- Mis à jour le 26-04-2018 à 07h42
Un édito de Philippe Paquet.
Profitant de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron, Donald Trump a redit tout le mal qu’il pense de l’accord, "insensé" et "ridicule", conclu en 2015 sur le programme nucléaire iranien. Il a donné à entendre que, le 12 mai, il pourrait considérer ce document, laborieusement négocié par les Etats-Unis d’Obama, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’UE et l’Iran, comme nul et non avenu.
On ne peut que déplorer une fois de plus l’hostilité caricaturale du président américain à un accord dont on n’est pas sûr qu’il mesure pleinement l’importance, ni qu’il perçoive bien les conséquences de son éventuelle dénonciation. L’Iran a d’ores et déjà menacé de quitter le Traité de non-prolifération nucléaire, une perspective à elle seule inquiétante.
Le pire, toutefois, c’est qu’Emmanuel Macron n’ait pas osé marquer sa différence, qui devait être aussi celle des Européens et des autres signataires de l’accord. Il a, au contraire, évoqué une espèce de bizarre compromis sous la forme d’un accord "plus large" qui, outre le nucléaire, engloberait notamment la nécessité de circonscrire l’influence régionale de l’Iran…
Imagine-t-on un locataire dont les conditions du bail seraient durcies au gré des humeurs du propriétaire ? C’est pourtant ce que MM. Trump et Macron semblent trouver normal et légitime.
A la veille de rencontrer Kim Jong-Un, Donald Trump est occupé à lui montrer qu’un accord passé avec les Etats-Unis ne présente en définitive aucune garantie. Ce n’est certainement pas la meilleure façon de convaincre le dirigeant nord-coréen de renoncer à son arsenal atomique.
Quant à Emmanuel Macron, on ignore s’il a été ébloui par les fastes de sa réception à la Maison-Blanche jusqu’à en perdre toute notion de solidarité européenne, voire le simple sens des réalités. On ne s’en interroge pas moins sur sa volonté de nouer une relation privilégiée avec Donald Trump si tel doit en être le prix.