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Journée sanglante à Gaza : des Palestiniens abandonnés et déshumanisés

Editorial. La répression sanglante contre des milliers de civils palestiniens massés à la frontière israélienne lundi éclaire la spirale guerrière dans laquelle Israël s’est enfermé.

Publié le 15 mai 2018 à 11h14, modifié le 15 mai 2018 à 12h35 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». Que retiendra l’histoire de ce 14 mai 2018 ? Le transfert historique de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, signe de la reconnaissance de la Ville sainte comme capitale d’Israël, le jour même de son 70e anniversaire ? Ou le bilan historiquement élevé – au moins 58 morts et plus de 1 350 blessés par balles – de la répression des manifestations palestiniennes le long de la barrière de sécurité israélienne entourant la bande de Gaza ? Dans une région où le tragique l’emporte toujours, la deuxième information éclipse sans conteste la première. Ce qu’il restera, surtout, de cette journée est le spectacle schizophrène et obscène des réjouissances diplomatiques américano-israéliennes à Jérusalem pendant qu’un carnage était perpétré, à une centaine de kilomètres de là, sur des civils cherchant à franchir une frontière, sans autre arme que leur désespoir.

Il faut remonter à 2014 pour constater un tel massacre dans les territoires palestiniens, à ceci près qu’à l’époque c’est une guerre qui sévissait à Gaza, avec chasseurs F16, chars et tirs de roquettes. Lundi 14 mai, ce n’était pas la guerre. Pas un coup de feu ni une roquette n’a été tiré par les manifestants, malgré la présence de groupes armés à l’arrière de la foule. C’était une protestation géante, comme la Palestine n’en a jamais connu, une manifestation à mains nues, comme au temps de la première Intifada (1987-1993) et au tout début de la deuxième, en septembre 2000. Mais autrement plus meurtrière.

Suppôts du Hamas

Ce que met crûment à nu cette journée tragique, c’est l’abandon total de la bande de Gaza et de son 1,9 million d’habitants. Condamnés à un blocus cruel depuis la prise de pouvoir du mouvement islamiste Hamas en 2007, ignorés par l’Autorité palestinienne, réduits à la misère et meurtris par trois guerres en dix ans, les Gazaouis n’ont pas besoin d’incitation du Hamas – contrairement aux affirmations de Jared Kushner et de Benyamin Nétanyahou – pour se jeter sur les barbelés israéliens dans l’espoir, aussi fou qu’illusoire, de retrouver les terres de leurs ancêtres et d’échapper à leur prison.

Ce « lundi noir » révèle également la déshumanisation quasi totale des Palestiniens par une grande partie de la classe politique et de la société israéliennes, qui ne voient en eux que des suppôts du Hamas, alors que le mouvement de la « marche du grand retour » prouve que la société palestinienne a choisi la protestation civile et populaire, contre le terrorisme et les armes. Ignorer cette évolution est dangereux.

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Enfin, l’alignement, par l’administration Trump, de la position des Etats-Unis sur celle du Likoud n’est pas un cadeau pour Israël, contrairement à ce que pourraient croire les Israéliens : il encourage le gouvernement Nétanyahou dans son hubris guerrière, et donne l’illusion à ce jeune pays d’un soutien alors qu’il est plus isolé que jamais sur la scène internationale. Personne ne se berce d’illusions sur les promesses de plan de paix de Donald Trump. Or, sans perspective de paix, Israël se condamne à vivre dans la peur.

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