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Les mauvais arguments contre la « guerre commerciale »

Christopher Hogg, professeur affilié à HEC, explique dans une tribune au « Monde » que le procès en sorcellerie fait aux mesures protectionnistes cache la nécessité d’une véritable réflexion sur le partage des bénéfices, incontestables, du libre-échange.

Publié le 26 juin 2018 à 15h33, modifié le 26 juin 2018 à 15h33 Temps de Lecture 4 min.

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« Il n’y a pas de solution magique, mais un vrai défi à relever pour les politiques économiques à venir, si on veut éviter un protectionnisme populiste stigmatisant l’étranger aujourd’hui et les géants du digital demain » (Donald Trump en Caroline du Sud, le 25 juin).

Tribune. La majorité des économistes, les marchés financiers et la plupart des chefs d’entreprise s’accordent pour dire qu’une guerre commerciale à coup d’augmentations de barrières douanières est une menace pour la croissance mondiale. Ce consensus est tel que Trump est caricaturé en vieil homme irrationnel et incontrôlable.

D’autres font valoir que cette décision relève de motifs purement électoralistes. Cette opposition, entre rationalité économique et populisme démocratique, est récurrente à chaque fois que la question de la globalisation et du protectionnisme est en débat.

Il est facile de prouver que toute tentation de protectionnisme et d’entrave à la libre circulation des biens et des hommes est destructrice de valeur. Historiquement, il existe de très nombreux cas l’illustrant, sans parler de la crise des années 1930, où le protectionnisme contribua à transformer tragiquement une crise financière en crise économique, sociale et politique.

Théoriquement, c’est une évidence que faciliter les échanges est une condition nécessaire pour créer plus de valeur. Pour que deux parties décident d’échanger, il faut que les deux parties partagent un intérêt ; en d’autres termes, que l’échange crée de la valeur pour chacun. Supprimer une possibilité d’échange revient donc à détruire de la valeur, soit par disparition pure et simple de l’échange, soit en substituant celui-ci à un autre échange moins intéressant pour les parties.

Création de valeur et partage

Mais il faut aussi se poser la question du partage et de la captation de ladite valeur. Cette question concerne à la fois les acteurs de l’échange et la répartition sociale de cette valeur. Le gain pour le consommateur est connu ; il porte sur le prix, le choix et la qualité. Le protectionnisme, à l’inverse, limite le choix du client pour favoriser des fournisseurs nationaux ou alliés.

Le gain du vendeur est également simple ; il porte soit sur les coûts, soit sur la valeur, en proposant des produits supérieurs (meilleure technologie, produits innovants…). Enfin, le marchand, en connectant le vendeur et les clients, prélèvera une partie de la valeur qu’il a contribué à créer en permettant ou en facilitant l’échange.

Seul un renouveau en profondeur de nos politiques économiques et sociales peut répondre à la question de la captation de la valeur créée par l’échange

Si nous revenons au populisme, la question posée par les électeurs ne porte pas sur la création de valeur mais sur son partage. Avec raison, ils estiment, pour beaucoup, que le modèle social de partage de la valeur en cas de production locale leur était plus favorable. La globalisation des échanges a permis ainsi une captation plus importante de valeur pour le capitaliste, le marchand et pour les clients en B2B (« business to business », d’entreprise à entreprise, à savoir, la distribution et les services achats des industriels), sans que pour autant les salariés en profitent. Il serait hypocrite et malhonnête de dire que tout le monde est gagnant en s’appuyant sur le seul gain du consommateur final (avec la globalisation, nous avons des produits moins chers et meilleurs).

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