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Abus sexuels dans l’Eglise : « On entend les victimes, mais on ne les écoute pas »

Pour que soit vraiment audible la parole des victimes, l’Eglise doit éclaircir son rapport au pouvoir, à l’autorité et à la sexualité, explique, dans une tribune au « Monde », le prêtre et psychothérapeute Stéphane Joulain.

Publié le 25 septembre 2018 à 07h00, modifié le 25 septembre 2018 à 09h55 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Aujourd’hui, l’Eglise catholique traverse une crise profonde dépassant le traitement des abus sexuels. Mais, en dépit d’une large couverture médiatique, d’une profusion d’opinions sur les réseaux sociaux, le risque est fort que la parole des victimes soit de nouveau renvoyée au néant.

De nombreuses victimes ont finalement réussi à faire entendre leurs cris de souffrance. Derrière ces cris se trouvent des personnes qui espèrent pouvoir revivre ou simplement vivre autrement. Il serait dommage que ce désir de vie passe aux oubliettes au profit de différents agendas opportunistes de politiques ecclésiastiques en opposition les unes avec les autres.

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Libérer la parole des victimes est aujourd’hui impératif. Libérer la parole des victimes, c’est aussi libérer l’Eglise d’un silence mortifère. Malgré cela, certains responsables catholiques continuent d’affirmer que l’Eglise fait son maximum en dépit d’événements indiquant le contraire. Que penser de ce qui s’est passé en juin à Saint-Etienne, avec l’hébergement imposé par l’évêché d’un prêtre abuseur chez un autre prêtre qui fut sa victime à l’adolescence ? Que penser de la somme colossale d’efforts que les victimes ont dû déployer pour être entendues par la Conférence des évêques de France ?

« Chacune de ces histoires nous met en face des incohérences entre la parole et l’action, et devient un contre-témoignage à l’Evangile »

La charge émotionnelle et l’urgence médiatique ont engendré un emballement dans la recherche de solutions, mais tout cela risque de faire passer au second plan l’accueil des victimes et l’écoute compatissante de leurs histoires dramatiques. En se focalisant uniquement sur des causes possibles à traiter, on oublie ceux et celles qui souffrent aujourd’hui. Même si on les entend, on ne les écoute pas.

Chacune de ces histoires douloureuses d’abus révèle un ensemble de dysfonctionnements graves au sein de l’institution ; chacune de ces histoires nous met en face des incohérences entre la parole et l’action, et devient un contre-témoignage à l’Evangile. La raison d’être de l’Eglise est d’aider des personnes à vivre une expérience humaine et spirituelle dont la source est une promesse d’amour faite par Jésus il y a 2000 ans. Si l’Eglise catholique n’aide pas les hommes et les femmes à se rapprocher et à expérimenter cette promesse, si elle ne permet pas d’être attentive aux plus souffrants, si elle se rend sourde à la détresse de l’autre, alors elle n’est plus fidèle à sa mission.

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