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Condamner la violence sans ambiguïté

Pointer la responsabilité d'Emmanuel Macron, c'est faire le jeu des extrémismes. Le débat sur les solutions de sortie de crise doit se tenir dans le cadre de nos institutions.

Fabien Clairefond pour Les Echos
Fabien Clairefond pour Les Echos

Par Jean-Francis Pécresse

Publié le 2 déc. 2018 à 18:45Mis à jour le 3 déc. 2018 à 10:42

Parce qu'il menace désormais rien de moins que notre démocratie, le chaos horrifique provoqué samedi , au coeur de la capitale et dans quelques villes de province, par le mouvement des « gilets jaunes » impose à chacun de choisir son camp sans équivoque. Celui de l'ordre légitime d'une République. Ou celui de l'insurrection contre la démocratie.

Lorsque des lieux de pouvoir, d'histoire et de mémoire sont attaqués comme ils l'ont été, lorsque le droit de propriété est violé, d'honnêtes boutiquiers volés, des policiers lynchés, ce n'est plus le chef de l'Etat qu'il faut défendre, c'est l'Etat. Or, depuis samedi, de quelque opposition qu'elles émanent, les condamnations de ces violences qui abîment la France sont empreintes de coupables ambiguïtés. Pointer la responsabilité d'Emmanuel Macron dans ces événements ne relève plus du calcul politicien, mais de l'irresponsabilité.

Que la République n'ait rien à attendre des formations extrémistes, cela n'est plus à démontrer. La haine fait une colère. Elle ne fait pas une politique. Mais la République attend mieux de partis modérés, ayant mal gouverné hier, aspirant à mieux gouverner demain. Elle attend mieux qu'une mise en cause confuse des responsabilités. A l'heure où nos démocraties occidentales sont fragiles, ces formations dites « de gouvernement » font, par rancune, le jeu des extrémismes.

Dresser l'opinion contre l'élection

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Elles peuvent et elles doivent critiquer la politique menée par le chef de l'Etat. Mais le diaboliser en Grand Désordonnateur, le rendre responsable de ces violences qui sont des attentats contre la démocratie, c'est dresser l'opinion contre l'élection. Il y a dix-huit mois, au suffrage universel, une majorité a tranché contre une minorité. Et si, depuis, Emmanuel Macron a été maladroit, il n'a pas été malhonnête, au sens où il n'a pas trahi son mandat.

Libre à chacun de juger qu'il ne va pas assez loin dans les réformes ou que, au contraire, il demande trop au pays. Il n'a pas brisé le pacte républicain. Aussi, le débat doit se tenir dans le cadre de nos institutions. En y apportant, certainement, de nouvelles formes de consultations citoyennes. De l'association à l'Assemblée, ce ne sont pas les canaux démocratiques qui manquent en France pour s'exprimer. Les « gilets jaunes » ayant choisi de les ignorer, c'est à eux qu'incombe la responsabilité première d'appeler à l'arrêt des mobilisations.

Rétablissement de l'ordre

La seconde responsabilité incombe au ministère de l'Intérieur, dont les citoyens sont en droit d'espérer qu'il maintienne l'ordre plus efficacement. Mais qui peut sérieusement penser, en tout cas, qu'un moratoire sur la hausse des taxes sur le gazole suffirait à faire rentrer les casseurs chez eux ? Nous n'en sommes plus là.

Le rétablissement de l'ordre est la condition de l'établissement d'un large dialogue, associant de simples citoyens, sur les origines profondes de cette révolte. Si, de cette crise, peut émerger enfin un plan de baisse de ces innombrables impôts qui empoisonnent la vie des particuliers et des entrepreneurs, alors Emmanuel Macron sera à la hauteur de la transformation promise, ce rendez-vous manqué par ses prédécesseurs.

Jean-Francis Pécresse

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