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L'euro, notre bien le plus précieux

EDITO. Née il y a vingt ans dans la polémique ou le scepticisme, la monnaie unique est à la fois un succès économique et politique, en même temps que le meilleur rempart contre le populisme.

Daniel Fortin.
Daniel Fortin. (Dessin Fabien Clairefond)

Par Daniel Fortin

Publié le 31 déc. 2018 à 07:23

Qui ne se souvient du « passage à l'euro » ? De la fébrilité qui, ce jour du 1er janvier 2002, s'empara des citoyens européens, agglutinés devant les distributeurs d'argent, impatients de pouvoir enfin toucher les billets de cette monnaie unique créée trois ans plus tôt ?

Qui aurait parié, à cette date, que cet engouement, malgré les polémiques, les craintes, les pulsions nationalistes de l'époque, serait le dernier événement populaire d'une Europe aujourd'hui fragmentée, décriée, à la recherche d'un nouveau projet fondateur ?

Qui, enfin, aurait imaginé que cette monnaie unique, présentée alors comme l'enfant d'une technocratie honnie, deviendrait le rempart politique le plus solide d'une Union européenne menacée par le populisme ?

L'euro - grâce lui en soit rendue - est le pire cauchemar des Marine Le Pen ou Matteo Salvini. La digue sur laquelle se fracasse de façon inéluctable leur nauséabond discours nationaliste. La vitesse à laquelle les citoyens se sont approprié leur monnaie, sa popularité - 74 % des Européens en ont une opinion favorable - interdit en effet pour longtemps à ces apprentis sorciers de mettre en oeuvre leurs funestes intentions.

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On le voit en Italie où le gouvernement populiste est contraint d'en rabattre sur son programme économique délirant. On l'a vu lors de la campagne présidentielle de 2017 où Marine Le Pen finit par se ridiculiser par son incapacité à tenir un discours clair sur la position qu'elle prendrait sur une sortie de l'euro si elle était portée au pouvoir.

Il est temps que les Européens convaincus cessent de plier l'échine devant ces marchands de rêve qui tentent de détruire la plus belle construction politique de l'après-guerre. Qu'ils défendent le bilan d'une monnaie qui a permis à la zone portant son nom de contenir sa facture énergétique, de résister à la crise de 2008, à l'aventure grecque, aux sceptiques de tous bords, à commencer par d'éminents économistes américains qui, à l'instar de Joseph Stiglitz, prédisent à l'envi sa fin prochaine, comme s'ils ne supportaient pas d'en constater l'incroyable réussite.

Cette réussite, précisément, fait peser une lourde responsabilité sur les épaules des actuels dirigeants européens. Celle de finir la tâche commencée par leurs aînés, que les divisions de l'époque n'empêchèrent pas de mener à bien le projet de l'euro. Finissons l'Union bancaire , dotons l'Europe d'un budget digne de ce nom, bâtissons un vrai mécanisme de soutien aux Etats en difficulté, mettons surtout en place une véritable Europe économique et industrielle pour consolider l'Europe monétaire. Faisons vivre l'euro, né il y a vingt ans et devenu notre bien le plus précieux.

Daniel Fortin

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