En République démocratique du Congo (RDC), rien n’est gagné mais tout n’est pas perdu. Après une attente, longue autant que suspecte, la commission électorale a proclamé le résultat de l’élection présidentielle qui s’est tenue le 30 décembre dernier. Tout laissait augurer une défaite d’Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin désigné par le président sortant, Joseph Kabila. On s’attendait à ce que le vainqueur soit Martin Fayulu. Et, finalement, c’est le nom d’un troisième larron, Félix Tshisekedi, qui est sorti du chapeau.

Aussitôt, la véracité du verdict a été mise en doute. Par la conférence des évêques catholiques : « Les résultats (…) ne correspondent pas aux données collectées par notre mission d’observation. » Et par le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian : « M. Fayulu était a priori le leader sortant de ces élections. » En clair, il y aurait eu un arrangement entre le clan Kabila et le camp Tshisekedi pour écarter Martin Fayulu. Les aimables paroles que le vainqueur déclaré a adressées au président sortant confortent en tout cas cette hypothèse.

La RDC risque donc de traverser une période mouvementée de contestation du résultat. Ce pays, potentiellement richissime grâce à son sous-sol mais saigné par des décennies de guerres, de rapines et d’incurie, n’en a vraiment pas besoin. Mais il ne faut pas perdre espoir. La courageuse pression populaire, en particulier celle des laïcs catholiques, est parvenue à obliger Joseph Kabila à se retirer du pouvoir alors qu’il s’est accroché pendant deux ans à son fauteuil présidentiel. L’électorat a écarté celui qu’il s’était choisi comme successeur. Reste à tirer au clair le véritable résultat du scrutin. Il faut y parvenir par la voie d’une contestation pacifique.