Nos assiettes nous ressemblent et nous rassemblent. Elles disent nos inclinations. La Croix a consacré samedi 2 février un grand dossier à nos habitudes culinaires. Nos penchants, tout comme les interdits alimentaires, construisent des communautés. Les rites de la table ou a contrario le grignotage sont des choix de vie. Sujet passionnant.

Mais en passant des pratiques de la table au contenu des assiettes, tout devient parfois un peu plus inquiétant. Personne ne devrait céder à la panique : la sécurité alimentaire a progressé au fil du temps par le progrès des sciences, des réglementations et des contrôles. Oubliés le mal des ardents, ou feu de saint Antoine, et les ravages de l’ergot du seigle. Raison supplémentaire pour préserver ces acquis.

Les services sanitaires français viennent ainsi de passer une fin de semaine à traquer des lots de viande suspecte venus de Pologne, sans doute fruit d’abattages nocturnes et clandestins de bêtes potentiellement malades. Sur un total de 2,7 tonnes exportées dans dix pays européens, les 800 kg arrivés en France ont été localisés, mais une très faible partie a déjà été commercialisée, mélangée à d’autres viandes. Varsovie explique qu’il n’y a pas de risque sanitaire. On voudrait pouvoir croire les experts polonais. Mais peut-être aurait-il mieux valu qu’ils déploient toute leur science dès le départ de l’affaire.

Nous regardons nos assiettes et veillons au respect des équilibres alimentaires (ni trop de graisses, ni trop de sucres, des fruits et des légumes…). Nous avons raison. Mais notre police personnelle ne suffira jamais. Elle doit être prolongée par une traçabilité réelle et par l’efficacité des contrôles. Il y a encore trop de produits vendus pour ce qu’ils ne sont pas. Il faut surveiller (mieux) et punir (plus).