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Alstom-Siemens : pourquoi la fusion déraille

La Commission européenne pourrait s’opposer dès mercredi à l’opération voulue par Paris et Berlin pour créer un champion de la construction ferroviaire.

Par  et  (Bruxelles, bureau européen)

Publié le 04 février 2019 à 10h57

Temps de Lecture 4 min.

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Le patron de Siemens, Joe Kaeser (à gauche) et le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge lors de la conférence de presse annonçant la fusion des deux groupes, à Paris, le 27 septembre 2017.

Osera-t-elle mettre son veto ? Si la Commission européenne a jusqu’au 18 février pour se prononcer sur le dossier, devenu hautement politique, de la fusion entre Alstom et Siemens Mobility, elle pourrait trancher dès mercredi 6 février. La décision de créer « un champion européen » de la construction ferroviaire doit être soumise au vote de tous les commissaires, mais l’avis de la Danoise Margrethe Vestager, chargée de la concurrence, sera déterminant. Or elle n’a cessé d’émettre de sérieux doutes sur cette opération – appuyée par le président français, Emmanuel Macron, et la chancelière allemande, Angela Merkel –, qui donnerait au nouveau groupe un quasi-monopole dans plusieurs pays de l’Union.

Sauf coup de théâtre de dernière minute, elle devrait s’y opposer. Mme Vestager a déjà présenté le dossier, le 15 janvier, au collège des commissaires. Elle y dispose d’un « très large soutien », assurent deux sources proches des négociations. Mais, ce jour-là, « la discussion a été tonique », rapporte un membre du gouvernement, laissant entendre qu’un rejet du mariage Alstom-Siemens ne faisait pas l’unanimité. La commissaire a souligné que les règles européennes n’avaient pas été édictées pour empêcher systématiquement les fusions et que ses services savaient les adapter aux évolutions de l’économie mondiale.

La preuve ? « La grande majorité [70 %] des fusions notifiées [à la Commission] est validée sans aucune enquête, a-t-elle rappelé. Et nombre d’opérations sont validées sans conditions à la suite d’une enquête approfondie. » Ainsi a-t-elle récemment donné son feu vert à la création d’Essilor-Luxottica, Peugeot-Opel, Siemens-Gamesa, Safran-Zodiac et Nokia-Alcatel-Lucent. Ces dix dernières années, la Commission n’a bloqué que « sept opérations, dont quatre seulement concernaient exclusivement des sociétés européennes ».

Un cas hautement politique

Comme pour préparer le terrain à un rejet de l’opération franco-allemande, le « monsieur fusion » de la direction de la concurrence, Carles Esteva Mosso, a rappelé, vendredi 1er février, que Bruxelles avait accepté la création de leaders mondiaux quand les entreprises avaient la volonté de supprimer tout « chevauchement » au sein des Vingt-Huit. Il a notamment cité l’achat de l’américain Praxair par le géant allemand des gaz industriels Linde, et celui du cimentier français Lafarge par le suisse Holcim.

Mais le cas Alstom-Siemens a pris un tour hautement politique. Depuis la fin 2018, les arguments n’ont pas évolué de part et d’autre, même si le tandem a fait des concessions de dernière minute fin janvier (en dehors des délais légaux). Au final, il ne s’engageait à céder que pour 600 millions d’euros d’actifs, soit 4 % du chiffre d’affaires de la nouvelle entité. Des cessions insuffisantes, a jugé Mme Vestager. Dans un vote consultatif, jeudi, la plupart des régulateurs nationaux auraient également rejeté la fusion.

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