«Venezuela: configuration du nouveau clivage international». La chronique de Frédéric Charillon
La crise vénézuélienne vient confirmer la construction de deux camps probablement appelés à structurer le système international à venir. L’un continue de croire (avec un mélange de sincérité et de cynisme qui peut varier) à l’interventionnisme, au changement de régime et aux pressions extérieures, en appui à des préférences sociétales internes. C’est l’approche occidentale par la responsabilité de protéger ou le devoir d’ingérence, au nom de la sécurité humaine d’une population donnée. On en attend un monde plus stable et plus favorable à un système libéral globalisé. L’autre approche soutient que l’Etat en place est seul acteur légitime quelles que soient ses erreurs ou ses brutalités, et que toute intrusion extérieure dans ses affaires est source de chaos. Dans ce schéma toujours westphalien, la souveraineté reste la meilleure garantie d’un ordre respecté et d’un système international lisible. A Pékin, Moscou ou Ankara, ces croyances prévalent. Une nouvelle tectonique des plaques se met donc bien en place, qui ne ressemble pas à celles imaginées par quelques analystes contemporains. Elle est d’essence quasi philosophique puisqu’elle met en jeu rien de moins que le rôle de l’Etat, l’origine de la légitimité, les principes de la stabilité internationale. La profondeur des débats ainsi déclenchés ne fera pas les affaires d’une Europe très fragile sur ce terrain.
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