Alstom-Siemens: que les politiques assument !
Gare aux faux procès ! Dans le dossier Siemens-Alstom, la commissaire à la concurrence – et avec elle les défenseurs de cette même concurrence libre et non faussée – est devenue une cible privilégiée. Margrethe Vestager est présentée comme une technocrate rétrograde, naïve et idéologue. Ses contempteurs se trompent. Pire, ils jouent un jeu dangereux.
Ils font fausse route parce qu’il est vain de reprocher à des experts de livrer autre chose qu’une décision d’expert, prise à partir d’une analyse argumentée de ce qu’est un marché pertinent, avec son impact sur les prix aux consommateurs. C’est leur mission. Au demeurant, le procès en ingénuité face à la puissance chinoise peut se retourner : qui croit que la taille seule suffit à batailler avec une Chine adepte des lois truquées et des subventions dissimulées ? Et le rêve d’une Europe aujourd’hui incapable d’imposer ses règles, mais demain puissante de ses champions, résistera-t-il aux disruptions technologiques venues de la Silicon Valley ?
Les toqués du Meccano industriel jouent avec le feu parce qu’au moment où les populismes prospèrent sur l’UE bashing, attaquer la bureaucratie bruxelloise ne sert qu’à alimenter la démagogie générale. Et à cacher les responsabilités de chacun. Car ce n’est pas la Commission européenne qui est trop forte, mais l’Europe politique qui se révèle être trop faible.
A l’inverse, en France, comme en Allemagne, le ministre de l’Economie peut user d’un pouvoir d’évocation pour refuser une fusion autorisée ou imposer une concentration rejetée. Au nom de l’emploi, d’intérêts stratégiques, de considérations sociales. C’est alors une décision politique – au niveau de l’UE, ce droit de regard devrait relever du Conseil européen. Comme telle, elle serait ainsi évaluée par les citoyens sur son coût, son efficacité. Sans chercher de boucs émissaires.
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