La nouvelle présidente se veut pro-européenne. Voilà qui tranche avec le règne des dirigeants eurosceptiques et de plus en plus autoritaires en Hongrie, en Pologne, en République tchèque ou en Roumanie. L’élection slovaque est-elle à même de changer la dynamique à l’œuvre dans l’ancienne Europe de l’Est, où les hommes forts continuent de saper la séparation des pouvoirs et ont fait de Bruxelles le bouc émissaire de tous les maux nationaux?
La lutte contre la corruption
A moins de deux mois des élections européennes, présentées comme un duel entre pro-européens et eurosceptiques, la question n’est pas anodine, même si le cas slovaque est particulier. L’assassinat de Jan Kuciak a indéniablement réveillé les Slovaques. Le mouvement de protestation massif qu’a su incarner Zuzana Caputova, entrée en politique à cette occasion, s’est finalement traduit dans les urnes.
Le combat contre la corruption résonne en tout cas au-delà de la petite Slovaquie. A Prague, le premier ministre, Andrej Babis, est sous le feu des médias pour une affaire d’abus de subventions européennes. En Roumanie, le pouvoir en place vient de mettre sous contrôle judiciaire sa bête noire, la procureure Laura Codruta Kovesi, égérie de la lutte anticorruption et candidate pour prendre la tête du parquet européen, qui se retrouve à son tour face à des accusations de corruption.
Ces dernières années, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, et ses alliés de la région ont joué à fond sur la peur de l’invasion migratoire, dénonçant comme des diktats les molles tentatives de la Commission européenne de répartir les migrants. La pression est aujourd’hui bien moindre qu’en 2015, au plus fort de la crise des réfugiés, et l’Europe est très loin d’être la passoire que ces eurosceptiques de l’Est décrivent. Ils se verront peut-être imposer un autre thème de campagne plus dérangeant: la corruption.