Menu
Libération
EDITORIAL

Eduquer les hommes

par Alexandra Schwartzbrod
publié le 2 septembre 2019 à 20h06

A intervalles réguliers, le meurtre d'une femme par son conjoint (passé ou présent) fait les gros titres des médias. Ce fut le cas ce week-end après la mort d'une jeune fille de 21 ans à Cagnes-sur-Mer. Prévenue, la police n'est pas intervenue à temps. Horreur et indignation devant les détails du drame… avant que tout le monde passe à autre chose. Certes, les mentalités changent. On qualifie plus facilement de «meurtre» ce que l'on présentait jadis comme un «drame familial» ou «un crime passionnel». Les médias se sont emparés de cette cause, à commencer par Libération qui, depuis le 1er janvier 2017, recense tous ces meurtres conjugaux dont on ne parle pas, en tâchant de redonner une identité à ces femmes que la mort tend à anonymiser. Mais en termes de prévention, et donc de moyens, le compte n'y est pas encore, loin de là. Emmanuel Macron a décrété ce combat «grande cause du quinquennat», et le gouvernement lance à partir de ce mardi un Grenelle des violences conjugales. C'est un bon début, le signe d'une prise de conscience au plus haut niveau de l'Etat. Mais ce n'est qu'un début. Il va falloir maintenant dégager des moyens pour donner aux professionnels, aux administrations, aux associations les moyens concrets de venir en aide aux femmes frappées, violentées, épouvantées par un homme ivre de sa pseudo-toute-puissance. Elles appellent encore trop souvent au secours dans l'indifférence. Les besoins sont légion. Les structures d'accueil aptes à accueillir des femmes menacées de mort manquent. Il faut aussi former ces premiers interlocuteurs que sont les policiers, trop souvent ignorants, parfois indifférents, ou tout simplement surchargés de travail. Il faut surtout éduquer les hommes. Qu'ils soient fils, frères, oncles ou pères. Sans eux, rien ne bougera.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique