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« La révolution de 1989 à Berlin n’est pas un échec, elle pourrait même être le début de l’histoire »

Non, la révolution de 1989 n’a pas été un échec. La nostalgie n’est pas de mise : c’est le modèle original qu’il faut réinventer, estime Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

Publié le 30 octobre 2019 à 11h49, modifié le 01 novembre 2019 à 06h54 Temps de Lecture 4 min.

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Porte de Brandebourg, à Berlin, le 22 décembre 1989.

Chronique. Voici venu le temps des anniversaires – novembre et ses chrysanthèmes s’y prêtent bien. Le 9 novembre, donc, nous célébrerons, dans la nostalgie, le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin. Deux erreurs sont communément commises à ce propos. L’une légère, l’autre plus grave.

La première est de croire que tout s’est passé le 9 novembre. Le monde se serait retourné d’un coup de pioche dans le béton de la palissade qui séparait Berlin-Est de Berlin-Ouest depuis 1961, ouvrant la voie à la grande communion de la démocratie.

En réalité, même si cette nuit du 9 novembre reste hautement symbolique, les coups de pioche avaient commencé bien avant. En Pologne, où le premier gouvernement démocratique du bloc communiste avait été installé en août ; en Hongrie, où le vieux dirigeant Janos Kadar avait été chassé par de jeunes réformateurs de son parti qui s’étaient ensuite, pendant l’été, payé le luxe d’ouvrir le rideau de fer à l’aide de tenailles ; mais aussi dans les pays baltes, alors encore républiques de l’Union soviétique (URSS), qui secouaient leurs chaînes depuis deux ans.

La vague ne s’est pas non plus arrêtée à Berlin. Le 17 novembre, les étudiants tchécoslovaques se soulevaient, puis ce fut le tour des Bulgares, et des Roumains qui exécutèrent leur « Conducator », Ceausescu, le jour de Noël.

L’onde de choc ne pouvait évidemment pas épargner l’URSS de Mikhaïl Gorbatchev, qui la vit se désagréger littéralement sous ses pieds pendant les deux années suivantes, jusqu’à son effondrement final qui l’engloutit lui aussi, en décembre 1991.

Mauvais génies de la « démocratie illibérale »

La deuxième erreur est la vision négative qui semble s’imposer, trente ans après, et qui veut que les transformations lancées dans les pays ainsi libérés se soient soldées par un échec, incarné de manière caricaturale par les deux mauvais génies de la « démocratie illibérale » au pouvoir à l’Est – le Hongrois Viktor Orban et le Polonais Jaroslaw Kaczynski. Rien n’est plus faux.

Dans un livre à paraître ces jours-ci, Le Moment illibéral (Fayard, 352 pages, 23 euros), deux très bons spécialistes de cette période, le Bulgare Ivan Krastev et l’Américain Stephen Holmes, rappellent cette phrase de George Orwell : « Toutes les révolutions sont des échecs, mais elles ne sont pas toutes le même échec. » « Alors, demandent les auteurs, quel type d’échec a été la révolution de 1989, dans la mesure où son objectif était la normalité occidentale ? Jusqu’à quel point la révolution libérale de 1989 est-elle responsable de la contre-révolution illibérale déclenchée deux décennies plus tard ? »

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