Tribune. A l’ouverture de la COP25 à Madrid, l’Organisation météorologique mondiale a confirmé que 2019 figurera parmi les trois années les plus chaudes enregistrées depuis 1850. Le réchauffement global s’élève déjà à plus d’un degré et les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse. Dans ce sombre tableau, l’Europe reste une terre d’espoir, car c’est la seule région du monde à avoir réussi, au cours des vingt dernières années, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre tout en créant et en partageant ses richesses.
C’est aussi l’Europe qui a réussi, malgré les reculs de Donald Trump, à protéger l’Accord de Paris de novembre 2015. Ce sont les Européens qui sont les premiers contributeurs au Fonds vert pour aider les pays du Sud à lutter contre le changement climatique. Pour l’Europe et pour le climat, la semaine qui s’ouvre est décisive. Car l’espoir ne doit pas masquer la réalité : si nous ne faisons pas plus, la bataille du climat sera irrémédiablement perdue.
C’est ce message que le Parlement européen a envoyé en déclarant l’état d’urgence climatique. Mercredi 11 décembre, la Commission européenne présentera le projet de Pacte vert (« Green Deal ») annoncé par la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. C’est la première priorité des cinq prochaines années, et c’est un acte stratégique de la nouvelle Commission que d’en faire sa toute première initiative.
L’Europe au cœur d’une dynamique vertueuse
Pour être à la hauteur des espoirs que suscite ce « Green Deal », la France souhaite que l’Europe s’engage à augmenter son objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pour 2030. Il est aujourd’hui d’au moins 40 %. Nous devons, et nous pouvons faire plus comme l’a annoncé Ursula von der Leyen. La Commission doit donc proposer d’inscrire dans la loi, le plus rapidement possible, un objectif rehaussé, qui pourrait aller jusqu’à -55 %.
Cette ambition commune doit être affichée d’entrée de jeu car l’Europe peut produire une dynamique vertueuse au sommet UE-Chine en septembre 2020 puis à la COP26 à Glasgow dans un an. Demander davantage aux entreprises européennes est légitime, mais il faut aussi nous assurer que celles-ci ne sont pas désavantagées par rapport à leurs concurrents. C’est pour cette raison que nous appelons à la mise en place rapide d’un mécanisme d’inclusion carbone aux frontières de l’Europe, c’est-à-dire un outils anti-dumping écologique.
Pour 2050, notre objectif doit être la neutralité carbone, c’est-à-dire ne pas émettre plus que la nature ne peut absorber de CO2. La France a initié ce combat en 2017. Nous touchons au but. Au Conseil européen des 12 et 13 décembre, nous devrons encore convaincre certains de nos partenaires, en particulier ceux qui, à juste titre, souhaitent que la solidarité européenne s’exerce pleinement avec les régions qui seront affectées par la sortie du charbon. Avec le Fonds pour une transition juste, l’Europe doit apporter une solution à la hauteur des enjeux.
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