Mélancolie diffuse
Comme les milieux culturels ont de belles idées à défaut d’avoir de gros moyens, on observe depuis le début du confinement un basculement de l’offre vers les supports numériques. Mais passé l’excitation première, on a vite vu les limites de l’exercice. Franchement, qui a envie de se contenter de films en streaming, de concerts diffusés en direct depuis une salle vide, de visites muséales où s’approcher d’une œuvre consiste à taper «cmd +» sur son clavier?
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A l’heure où les acteurs culturels réfléchissent à la manière de renouveler leur public et de générer de nouveaux revenus, les nouvelles technologies sont parfois vues comme un eldorado. A l’avenir, à travers un casque de réalité virtuelle, il sera facile d’assister depuis son canapé à un concert ou à une pièce de théâtre, de flâner dans une expo. Or, depuis le début du confinement, on a tous fait l’expérience d’une proposition virtuelle qui nous a d’abord séduits avant de laisser place à une mélancolie diffuse. Ce qui nous rappelle que, depuis le théâtre grec antique, la culture est une affaire d’émotion collective.
Le monde d’après la pandémie devra, plus encore que celui d’avant, être axé sur l’écologie. Il faudrait aussi qu’il soit humain avant d’être virtuel. Lorsqu’il s’agira de dresser un bilan des dommages collatéraux causés par le virus, il serait tragique que les plus fragiles des festivals et des lieux de culture, ceux qui sont ancrés dans le tissu social d’une région et ne rêvent pas de paradis artificiels, soient les plus menacés.
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