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Coronavirus : « Le risque d’un Etat si érodé depuis des années qu’il ne peut qu’agir par défaut »

Malgré les moyens sans équivalents mobilisés face à la pandémie, l’Etat montre surtout sa grande fragilité après des années d’affaiblissement, devenant alors le principal risque pour nos libertés, analyse le juriste Jean-Charles Froment, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 01 mai 2020 à 06h00, modifié le 01 mai 2020 à 07h31 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. A l’origine, il y a un virus. Certes d’une rare contagiosité, mais peut-être pas si différent d’autres virus respiratoires. Et pourtant ce virus aboutit à la plus grande crise sanitaire que presque tous les Etats aient connue depuis un siècle. Comment en sommes-nous arrivés là, et qu’en déduire ? Crise sanitaire ou crise de l’Etat ?

Deux hypothèses diamétralement opposées peuvent être formulées.

La première, c’est que cette crise tend à démontrer l’incroyable renforcement des capacités d’agir et de s’organiser de l’Etat aujourd’hui. En quelques semaines seulement, une incroyable machine s’est mise en marche :

Moyens coercitifs traditionnels

– Sur le plan scientifique, par l’accélération de la recherche et l’engagement immédiat de très nombreuses enquêtes expérimentales pour trouver un traitement ;

– Sur le plan de l’organisation sanitaire, par l’impressionnante capacité par exemple de la France à doubler en un temps record le nombre de lits de réanimation, à organiser des transferts interrégionaux de malades graves et à assurer une régulation de l’ensemble, évitant la saturation des hôpitaux ;

– Sur le plan du contrôle de l‘épidémie, par le pouvoir aujourd’hui des Etats d’organiser un confinement généralisé de toute une population et de tout un territoire en s’appuyant et sur ses moyens coercitifs traditionnels et sur un réseau et une stratégie de communication inégalés ;

– Sur le plan économique, par la facilité trouvée en quelques jours à dégager des centaines, voire des milliers de milliards d’euros pour venir empêcher les effets les plus néfastes de la récession.

Caution scientifique

Combien cette pandémie fera-t-elle de morts in fine ? 500 000, 1 million ou 5 millions, personne ne peut encore le savoir, mais est-ce comparable avec les 50 millions, voire les 100 millions, de morts de la grippe espagnole ? Tout cela n’est-il pas la preuve de la transformation extraordinaire de nos Etats, du renforcement de leur puissance et de leur efficacité pour gérer de telles crises et en atténuer les effets les plus terribles ?

La seconde hypothèse conclut à l’inverse.

Si cette crise est peut-être une crise sanitaire, elle est surtout et avant tout l’expression d’une crise de l’Etat. Parce que cette extraordinaire panoplie de mesures n’est finalement que le résultat d’un pouvoir d’agir par défaut. Le confinement n’est décidé que pour éviter la saturation des hôpitaux et l’insuffisance des équipements de protection de la population. Le risque de saturation des hôpitaux n’est lui-même que la conséquence d’une politique constante de réduction du nombre de lits et des personnels depuis au moins vingt ans.

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