USA : TikTok ou toc-toc ?

En interdisant Tiktok – et 49 autres applis d'origine chinoise – Donald Trump interdit un puissant outil d'information contre lui. ©AFP - Jakub Porzycki / NurPhoto
En interdisant Tiktok – et 49 autres applis d'origine chinoise – Donald Trump interdit un puissant outil d'information contre lui. ©AFP - Jakub Porzycki / NurPhoto
En interdisant Tiktok – et 49 autres applis d'origine chinoise – Donald Trump interdit un puissant outil d'information contre lui. ©AFP - Jakub Porzycki / NurPhoto
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L'interdiction de l'application TikTok aura-t-elle vraiment lieu ? Microsoft aimerait au moins que ses discussions pour racheter l'entreprise aboutissent. Mais au delà de cette annonce, il y a un vrai enjeu sécuritaire. Explications.

Donald Trump veut donc interdire l'application pour téléphone portable Tiktok. Encore une déclaration de Donald Trump, encore corrigée dans les 24h. Mais celle-là, est à la fois plus intéressante et plus multilatérale qu'il n'y paraît.

D'abord les faits : à bord d'Air force 1, vendredi soir, le 45e président des Etats-Unis annonce l'interdiction rapide de Tiktok. Cette application pour SmartPhone a cette caractéristique d'avoir été créée, développée et donc possédée par une star-up chinoise.

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La crainte des Américains est claire : Tiktok – et autres applications comme WeChat ou ByteDance, elles aussi chinoises – rassemblent des données sur leurs utilisateurs et pourraient potentiellement prendre le contrôle à distance de votre smartphone.

Les services secrets chinois en embuscade ?

Si un pays peut donner un peu de crédit à cette affirmation, ce sont bien les Etats-Unis ! Les entreprises américaines comme Facebook, Twitter ou Google ont un long et lourd passé de collaboration plus ou moins assumé avec les services secrets américains.

C'est si vrai que les Chinois n'ont pas accès à Facebook, Twitter, Youtube ou Instagram. La Chine les a interdites. Les développeurs chinois ont systématiquement développé des équivalents, souvent de meilleures qualités d'ailleurs. La Russie a imité la Chine.

L'Iran n'autorise sur son territoire qu'Instagram. D'une façon générale, les dictatures se méfient des réseaux sociaux et, à la moindre révolte ou manifestation d'importance, les autorités brouillent Internet et portables, comme en Algérie ou à Hong-Kong.

Censure et préoccupations sécuritaires...

On peut d'ailleurs se poser la même question avec Tiktok aux Etats-Unis. Cette application est surtout connue pour ses quelques secondes de danse ou de blagues entre amis, le tout filmé et posté, mais ce n'est pas tout !

Elle est aussi et avant tout, l'appli des plus jeunes : ados et très jeunes adultes. Or, aux Etats-Unis, Tiktok est devenu un immense forum politique où cette génération s'organise et échange des « posts » sur l'écologie, sur le racisme ou contre les violences policières.

On peut dire que si Twitter ou Facebook étaient les applis des Printemps arabes, Tiktok est celle de Black Lives Matter. Donc, en interdisant Tiktok – et 49 autres applis d'origine chinoise – Donald Trump interdit un puissant outil d'information contre lui.

Microsoft catastrophé !

Oui parce qu'il semble avoir parlé trop vite... ça n'étonnera personne d'ailleurs : au moment où Donald Trump lâchait sa bombe informatique, Microsoft était en pleines négociations pour racheter Tiktok ! L'interdiction est donc suspendue à ces discussions.

Reste que les Etats-Unis sont loin d'être le seul pays à regarder la Chine avec suspicion pour tout ce qui touche à l'informatique : l'Inde, le 29 juin dernier, a elle aussi décidé d'interdire TikTok et une une quarantaine d'appli chinoises.

En Europe, même si l'interdiction de Tiktok et autres n'est pas à l'ordre du jour, c'est Huawei qu'on vise : la Grande-Bretagne a banni l'entreprise chinoise de son marché de 5G. La France aussi, en catimini. Bref, la guerre des applis ne fait que commencer.

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