Le bilan positif d’une Union européenne gouvernée «à l’allemande»
« E pur si muove ! » Et pourtant, elle bouge, comme l’aurait dit Galilée à propos de la Terre. Non seulement, elle « bouge », mais elle avance, parfois même dans la bonne direction. Elle ? L’Union européenne. En témoigne le discours prononcé mercredi 15 septembre sur « l’état de l’Union » par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Priorité à la lutte contre le réchauffement climatique avecle pacte vert (« Green Deal »), succès sur les vaccins et endettement commun pour la relance — il n’y a vraiment pas à rougir du bilan de l’année écoulée. Certes, des sujets restent en rade, comme le pacte migratoire, et d’autres à peine effleurés, la défense ou le respect de l’Etat de droit. Mais on assiste progressivement à la naissance d’un espace politique européen, dont on peut se réjouir.
Portée à la tête de la Commission par le duo franco-allemand,Ursula von der Leyen peine encore à s’imposer à Bruxelles, parce que le véritable pouvoir y est désormais plus « intergouvernemental » (les Etats membres dans le Conseil européen) que « communautaire » sous l’égide de la Commission. Est-ce grave ? Pas forcément, tant que ça marche.
Trop habitués au déchaînement permanent de leur vie politique et à la verticalité du pouvoir présidentiel, nombreux sont ceux qui à Paris rêveraient de personnalités plus flamboyantes à la tête de l’UE. Là encore, il faut s’y faire : l’Union est gouvernée « à l’allemande » et pas « à la française ». Le pouvoir y est réparti entre diverses instances et les décisions ne se prennent qu’au terme de compromis. On y privilégie la préservation de l’unité sur l’audace du changement. Les Français piafferont sans doute en constatant que von der Leyen n’a pas prononcé le mot « autonomie », si cher à Emmanuel Macron, mais si mal compris presque partout ailleurs. Mais c’est ainsi que l’Europe avance.
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