Une occasion manquée
Un édito de Vincent Slits.
- Publié le 06-07-2022 à 20h51
- Mis à jour le 07-07-2022 à 06h34
Immense gâchis pour les uns, vote pragmatique pour les autres. Le rejet par le Parlement européen de la résolution s'opposant à l'inclusion des activités nucléaires et gazières à la liste des activités durables sur le plan environnemental continuait à faire débat hier après-midi dans les couloirs à Strasbourg, tout comme sur les réseaux sociaux et dans certaines capitales. Preuve de la complexité des enjeux, des clivages sont apparus au sein même de la plupart des familles politiques présentes dans l'hémicycle européen, rendant aléatoire jusqu'au bout l'issue de ce vote sur la proposition de la Commission européenne d'attribuer un "label vert" au gaz et au nucléaire.
Au bout du compte, que penser de l’issue - provisoire ? - de cette saga autour du projet de "taxonomie" ?
Un principe de réalité s’impose : l’Europe aura encore besoin pendant un bon moment de gaz et de nucléaire. Avec l’électrification croissante de nos économies - ne pensons qu’au secteur automobile -, notre consommation électrique va exploser dans les décennies à venir. Le développement des énergies renouvelables, les investissements destinés à améliorer l’efficacité énergétique de nos bâtiments ou l’adoption de comportements plus vertueux ne suffiront pas à moyen terme à assurer la transition énergétique. Nécessité fait donc loi. Mais cette réalité ne doit pas occulter l’urgence pour l’Europe d’accélérer un virage énergétique majeur autour des "véritables" énergies vertes de demain. La guerre en Ukraine a cruellement remis en avant la question de notre indépendance énergétique. Les risques liés à la gestion des déchets nucléaires et à son financement ne peuvent pas non plus être évacués d’un revers de la main.
L’Union européenne avait marqué des points avec la mise en place du "Green Deal". Ici, elle a manqué une occasion majeure de conforter cet élan et de s’affirmer comme une référence internationale en matière climatique à travers une classification crédible et ambitieuse de ce qui est durable ou ne l’est pas. Et dans le même temps d’orienter rapidement et massivement les investissements futurs vers des technologies vertes pour faire de l’Europe un continent résolument plus durable.