Pour l’armée de Vladimir Poutine, l’année 2022 s’achève comme elle a commencé: par un désastre. Il y eut d’abord la déroute aux portes de Kiev, en mars. La débâcle de Kharkiv, ensuite. Puis l’humiliation du pont de Crimée et le sauve-qui-peut de Kherson, en automne. Voici maintenant le massacre de Makiivka, en pleine nuit de la Saint-Sylvestre. Des centaines de conscrits russes, concentrés dans un bâtiment bourré d’explosifs, tués par l’artillerie ukrainienne.
Ce dernier bain de sang est emblématique à au moins un égard: l’armée russe n’apprend pas de ses échecs. Les soldats de Makiivka, dont les téléphones portables semblent avoir attiré l’attention du renseignement ennemi, ont fait preuve d’un amateurisme déroutant. Et que dire de leurs officiers, coupables d’avoir autorisé un tel attroupement malgré la proximité du front?
L’ancienne Armée rouge entend imposer un nouvel ordre mondial. Mais elle se révèle incapable de confisquer les portables de ses recrues. Organisée en silos hermétiques, gangrenée par la rivalité de ses chefs à plumes en mal de lumière et consumée par la corruption, elle s’enfonce chaque jour davantage vers l’abîme. Pour les partisans d’une Ukraine libre, cela semble presque trop beau pour y croire.
Ce sera donc l’un des principaux enjeux de 2023. Les soldats de Moscou parviendront-ils à lancer la nouvelle contre-offensive qu’ils promettent? Ou s’effondreront-ils pour de bon, emportant avec eux Vladimir Poutine? Il faut craindre une troisième voie. Celle d’un enlisement du front. À force de wagons de chair à canon et d’antiques munitions soviétiques, dont les stocks semblent infinis, la Russie pourrait réussir à geler le conflit. Voilà quel serait, finalement, le véritable désastre.
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Éditorial sur la guerre en Ukraine – Armée russe, le désastre permanent
La Bérézina des forces de Moscou en Ukraine continue. La boucherie de Makiivka, au soir du Nouvel-An, est la dernière en date d’une série d’erreurs révélatrices.