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Dans les banlieues françaises, une colère trop sporadique pour peser

ÉDITORIAL. A la suite de la mort d’un ado tué par un policier à Nanterre, les quartiers s’embrasent dans tout le pays. Mais toujours sans message coordonné

Un manifestant lors de la marche blanche pour le jeune Nahel ce jeudi. — © YOAN VALAT / keystone-sda.ch
Un manifestant lors de la marche blanche pour le jeune Nahel ce jeudi. — © YOAN VALAT / keystone-sda.ch

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Les voitures et les poubelles brûlent de nouveau en France. Le pays connaît de multiples embrasements. Et ils naissent de nombreuses colères différentes. Il y a la colère face au déclassement ressenti par des Gilets jaunes souvent issus de classes moyennes inférieures en province. Il y a la colère, très marquée ces derniers mois, face aux réformes comme celle des retraites. Elle est en général portée par les travailleurs et les syndicats, d’une part, et des casseurs, d’autre part. Et puis, il y a la colère des banlieues défavorisées, ces cités qui abritent souvent les tranches les plus pauvres de la société française, qui s’exprime de manière sporadique et que l’on oublie donc souvent.

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On se souvient des émeutes de 2005, qui ont duré des semaines. On se souvient des différents «plans banlieue», dont on ne peut pas dire qu’ils aient réglé les problèmes ou changé la vie en profondeur dans ces quartiers. Mais on ne se souvient pas vraiment d’avoir beaucoup entendu parler du sujet lors des dernières campagnes électorales ou dans les médias français en général ces derniers mois.

Cette colère était pourtant toujours là. Quand elle revient au premier plan, c’est surtout en s’exprimant sur le sujet du comportement des policiers vis-à-vis de ces populations, souvent issues de l’immigration. Et à chaque fois, à travers ce comportement, c’est beaucoup plus largement le racisme, la ghettoïsation et les discriminations qui sont dénoncés. Le tout sous-tendu par une galère économico-sociale qui ferme toute perspective.

Mais contrairement aux autres colères françaises, celle des banlieues a du mal à s’organiser, à se transformer en pression politique durable et tout laisse à penser qu’elle continuera donc à ne pas être entendue sur le long terme. A rester sporadique. Jusqu’au prochain drame.

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