Les leçons belges du scrutin espagnol
Un édito de Dorian de Meeûs.
- Publié le 24-07-2023 à 23h46
Moins d’un an avant les législatives, il est instructif de tirer les enseignements des scrutins organisés dans d’autres pays européens. Bien que l’Espagne et la Belgique diffèrent, la crainte d’y voir l’extrême droite remonter au pouvoir suscite de réelles inquiétudes. Cette élection anticipée nous rappelle le risque que représente le Vlaams Belang chez nous. À contre-courant de tous les sondages réalisés par des instituts indépendants, Vox s’effondre en Espagne et perd 19 de ses 52 sièges. Le Parti Populaire (PP), de droite, a gagné le scrutin mais rate son pari d’une victoire écrasante. Le Premier ministre socialiste, Pedro Sánchez (PSOE), parvient à déjouer tous les pronostics et les socialistes semblent même en mesure de former un nouveau gouvernement, en fonction du bon vouloir des partis régionaux indépendantistes. Les deux grands courants, PP et PSOE, pourraient aussi décider de lier leur destin dans une grande coalition nationale. Si aucun de ces scénarios n’aboutit, un nouveau scrutin peut être organisé, mais celui-ci prolongerait la période d’incertitude.
Une des leçons que l’on peut tirer de tout cela est que la droite traditionnelle, qu’elle soit libérale ou conservatrice, n’a aucun intérêt à se rapprocher de l’extrême-droite. Elle doit être en mesure d’assumer ses priorités socio-économiques sans se salir dans un flirt avec un mouvement extrémiste et populiste. Cependant, cette leçon s’applique aussi à l’autre camp. Si un parti de gauche ou de centre-gauche veut subsister, il aurait tort de monter sur le terrain occupé par l’extrême-gauche ou la gauche radicale. La quasi-disparition du PS français le démontre : les socialistes belges ou français qui courent après les électeurs du PTB ou de la France Insoumise fragilisent leur propre avenir.
En ce, ni la gauche ni la droite n’ont intérêt à caricaturer leurs adversaires à outrance. Ne pas faire de différence entre la droite et l’extrême-droite peut s’avérer tout aussi dangereux que de mettre la gauche et l’extrême gauche dans le même sac. L’échiquier politique est large et diversifié. Il impose de la nuance.