L’arrivée des talibans au pouvoir en août 2021 a suscité un grand émoi en Occident, auquel s’est ajouté un sentiment d’échec et de frustration : vingt années d’engagement massif, pour finalement revenir à une situation similaire à celle de 2001, fin du règne du premier émirat islamique d’Afghanistan.

Dans un exercice louable de transparence démocratique, le Parlement européen a commissionné un rapport sur cet échec, qui met en évidence que l’une des principales erreurs de l’Union européenne a été de ne pas avoir su prendre ses distances avec une stratégie états-unienne essentiellement militaire et sécuritaire. La situation des Afghanes et Afghans est dramatique. L’arrêt de l’éducation des filles dans le secondaire et les universités, et l’exclusion des femmes d’une partie de la vie publique sont incompréhensibles et insupportables. La responsabilité en incombe sans aucun doute aux dirigeants talibans qui s’appuient sur une société fortement patriarcale et un autoritarisme à ce jour non contesté.

Cependant, le fait que 28,8 millions d’Afghans, sur une population de 39 millions, aient besoin de l’aide internationale pour survivre est dû à d’autres facteurs : une sécheresse récurrente qui frappe le pays depuis plusieurs années, l’augmentation des prix suite à la guerre en Ukraine et l’arrêt brutal de l’aide au développement – qui finançait 75% du budget du gouvernement et repré