Aux yeux des quelques républicains extrémistes qui ont décapité la Chambre des représentants, Kevin McCarthy était coupable d’avoir pactisé avec les démocrates. Peu leur importait si l’accord était minimal: éviter temporairement la fermeture de l’administration fédérale. Pour fonctionner, le duopole entre les deux grands partis américains suppose des compromis. Or la frange la plus radicale du Parti républicain y est allergique, prospérant sur la polarisation extrême de la vie politique américaine.
Après avoir ainsi brûlé l’un des siens, la majorité républicaine va maintenant devoir se trouver un nouveau speaker. Le processus s’annonce laborieux et le perchoir sera à nouveau un siège éjectable. Pendant ce temps, les Etats-Unis se rapprocheront à nouveau dangereusement d’un shutdown.
En refusant de venir au secours de Kevin McCarthy, les démocrates ont fait le pari que les électeurs sauront choisir le sérieux et la stabilité lors des élections générales de 2024. Une grande partie des élus républicains s’inquiètent du spectacle déplorable donné aux Américains. Cette destitution va-t-elle provoquer un sursaut face aux forces destructrices du parti?
Après avoir soufflé sur les braises, même Donald Trump fait mine de s’inquiéter de la guerre intestine entre républicains. Mais, en réalité, il est le chef des pompiers pyromanes, se posant en recours contre le chaos. Il s’en cache de moins en moins: s’il est de retour à la Maison-Blanche, il fera en sorte de renforcer les pouvoirs présidentiels. Dans ce programme inquiétant, l’affaiblissement du Congrès, un contre-pouvoir essentiel, n’est pas une si mauvaise nouvelle pour lui.