Le sang versé par les uns ne lave pas le sang versé par les autres
Rompre le cycle de la violence ne pourra se faire sans un changement d’approche. Un édito de Vincent Braun.
- Publié le 13-10-2023 à 23h57
Depuis l’opération terroriste lancée par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023, la mécanique du conflit israélo-palestinien s’est emballée comme rarement. Et les réactions des uns et des autres tendent à penser qu’elle ne s’arrêtera pas d’elle-même. Trop d’étincelles de violence continuent à jaillir, de part et d’autre. À la sauvagerie aveugle des uns répond la brutalité indiscriminée des autres. Nous ne pouvons plus, moralement, humainement, cautionner un tel cycle infernal. Il est temps de rompre avec cette dynamique de vengeance permanente. Non, le sang versé par les uns ne lave pas le sang versé par les autres.
À l’heure où l’on s’enfonce dans un radicalisme forcené et pourtant stérile, il est indispensable de rappeler aux représentants légitimes des deux camps qu’ils devront, un jour, s’engager sur la voie de la modération et trouver un terrain d’entente, qui ne peut qu’être la solution à deux États indépendants et viables vivant en paix côte à côte. Seule cette solution est à même de garantir la sécurité pour les deux peuples. L’existence d’un seul État, on le voit depuis des décennies, où l’un se construit au détriment de l’autre, ne peut mener qu’à une relation de dominant dominé, où tous les coups, tous les excès, sont permis. Elle ne peut qu’engendrer un système d’apartheid, dont les signes sont déjà documentés par les organisations des droits de l’homme. Les puissances internationales, qui disent vouloir jouer un rôle dans la résolution de ce conflit, ont le devoir d’aider, et même d’inciter Israéliens et Palestiniens à trouver ce terrain. C’est indispensable, au risque de perpétuer une politique de deux poids deux mesures – ou, pire, de racisme – qui ne fera qu’accroître les injustices et les divisions dans le monde.
Cela ne pourra se faire sans que chacun ne change d’approche. Sans privilégier la logique de paix sur celle de la guerre. Sans réaliser un examen de conscience à la lumière des événements douloureux des derniers jours. Sans se résoudre à des concessions tout aussi douloureuses. Sans quoi les pires horreurs sont appelées à se reproduire.