Oui, c’est une excellente nouvelle que de constater que la Suisse y figure en très bonne position. Les jeunes étudiants du pays sont formidables en sciences, en mathématiques, passables en lecture. Voilà qui est rassurant, et représente une promesse d’avenir pour le pays et sa prochaine génération. Mais contrairement aux trophées qui peuvent s’accumuler dans les vitrines, PISA demeure une simple photographie: elle vaut aussi par ce qu’elle ne montre pas dans l’instant, ou alors seulement dans ses ombres.
Un quart des élèves en difficulté
Ce qu’elle tend à dissimuler, c’est que la Suisse n’a pas véritablement progressé, ces dernières années: ce sont plutôt les autres qui ont fait moins bien. La première raison du flatteur classement helvétique est ainsi peut-être bien liée au covid. Nos écoles, souvent moins longtemps fermées qu’ailleurs pour cause de pandémie, ont permis un meilleur suivi. Au final, ce furent moins d’élèves en difficulté. Tant mieux, mais cela a peu à voir avec la qualité de l’enseignement lui-même.
La seconde remarque vient de cette moyenne générale. Celle de la Suisse est tirée vers le haut par un peloton important de très bons élèves. Mais PISA pointe le fait qu’un quart des écoliers n’atteignent pas les exigences minimales. C’est beaucoup, et l’écart se creuse entre les premiers de la classe et les autres. Surtout, l’étude souligne une corrélation inquiétante: ce sont les élèves des milieux favorisés qui réussissent le mieux, tandis que les plus précarisés viennent trop souvent à l’école confirmer leur statut de déclassés.
L’école, dit-on, est là pour former et apprendre. Mais aussi, si l’on croit encore aux mérites de la démocratie, pour donner les mêmes chances à toutes et à tous. En Suisse aussi, si l’on souhaite éviter que les fissures deviennent fractures, il est temps d’agir.