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Les fissures dans PISA

ÉDITORIAL. Quelle excellente nouvelle que de constater que la Suisse figure en très bonne position dans le classement PISA! Mais les écarts entre les élèves favorisés et les autres se creusent

L’étude PISA, le plus important projet comparatif international en matière d’éducation, est parue mardi. — © Keystone
L’étude PISA, le plus important projet comparatif international en matière d’éducation, est parue mardi. — © Keystone

Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est qu’il ne s’agit pas d’un concours. L’étude PISA, lancée il y a un peu plus de vingt ans désormais, et qui entend comparer auprès des élèves de 15 ans les performances des systèmes éducatifs de plus de 80 pays de l’OCDE, ne distribue aucune médaille.

Lire aussi: Le niveau des élèves suisses remonte (légèrement), selon le dernier rapport PISA

Oui, c’est une excellente nouvelle que de constater que la Suisse y figure en très bonne position. Les jeunes étudiants du pays sont formidables en sciences, en mathématiques, passables en lecture. Voilà qui est rassurant, et représente une promesse d’avenir pour le pays et sa prochaine génération. Mais contrairement aux trophées qui peuvent s’accumuler dans les vitrines, PISA demeure une simple photographie: elle vaut aussi par ce qu’elle ne montre pas dans l’instant, ou alors seulement dans ses ombres.

Un quart des élèves en difficulté

Ce qu’elle tend à dissimuler, c’est que la Suisse n’a pas véritablement progressé, ces dernières années: ce sont plutôt les autres qui ont fait moins bien. La première raison du flatteur classement helvétique est ainsi peut-être bien liée au covid. Nos écoles, souvent moins longtemps fermées qu’ailleurs pour cause de pandémie, ont permis un meilleur suivi. Au final, ce furent moins d’élèves en difficulté. Tant mieux, mais cela a peu à voir avec la qualité de l’enseignement lui-même.

La seconde remarque vient de cette moyenne générale. Celle de la Suisse est tirée vers le haut par un peloton important de très bons élèves. Mais PISA pointe le fait qu’un quart des écoliers n’atteignent pas les exigences minimales. C’est beaucoup, et l’écart se creuse entre les premiers de la classe et les autres. Surtout, l’étude souligne une corrélation inquiétante: ce sont les élèves des milieux favorisés qui réussissent le mieux, tandis que les plus précarisés viennent trop souvent à l’école confirmer leur statut de déclassés.

L’école, dit-on, est là pour former et apprendre. Mais aussi, si l’on croit encore aux mérites de la démocratie, pour donner les mêmes chances à toutes et à tous. En Suisse aussi, si l’on souhaite éviter que les fissures deviennent fractures, il est temps d’agir.

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