Le Front national remporte le 1er tour des régionales

Le FN a remporté dimanche le premier tour des élections régionales françaises, devant les Républicains et le PS. Un succès directement lié aux attentats de Paris, estiment certains commentateurs. D'autres soulignent que l'essor du FN s'inscrit également dans une longue tradition d'extrême droite en France.

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La Repubblica (IT) /

La terreur s'invite aux régionales

Le résultat des élections régionales françaises est uniquement lié au terrorisme, déplore le quotidien de centre-gauche La Repubblica : "C'est l'émotion suscitée par le massacre du 13 novembre qui a permis au Front National de devenir le premier parti de France. Les 130 morts de ce vendredi soir se sont traduits dans les urnes par 28,64 des voix, donnant au plus grand parti populiste d'Europe une position dominante dans l'une des principales sociétés politiques de l'Occident. Les sondages, habituellement influencés par le taux de chômage, l'évolution de l'économie ou d'autres problèmes de société classiques, ont cette fois-ci été déterminés par la sécurité : par la crainte du terrorisme djihadiste, de la menace islamiste. Voilà la motivation évidente et déclarée qui a poussé un tiers des votants (la participation a été supérieure à 50 pour cent) à choisir le parti qui représente le plus la colère, la rancœur, la haine et la peur provoquées par le terrorisme."

The Guardian (GB) /

La longue tradition de l'extrême droite en France

La force d'attraction qu'exerce l'idéologie d'extrême droite sur de larges pans de la population française remonte à la fin du XIXe siècle, analyse le quotidien de centre-gauche The Guardian : "Le FN mise sur une stratégie habile qui consiste à diffuser ses idées au-delà de la classe moyenne déchue et des familles ouvrières frappées par la crise économique, en essayant de toucher un groupe plus large de personnes, qui estiment que le modèle républicain de la laïcité est menacé par la croissance de l'islamisme radical. Mais l'avènement du Front national doit également être perçu dans un contexte historique plus large, celui de la résilience de l'extrême droite, du boulangisme du XIXe siècle à la guerre d'Algérie en passant par Vichy."

L'Opinion (FR) /

Un paysage électoral bouleversé

Si les socialistes veulent réduire les chances du Front national, ils devront retirer leur candidat au deuxième tour dans certaines régions et appeler à voter Républicains, analyse le journal économique libéral L'Opinion : "Une telle situation est rarissime : elle ne s'était jamais produite sous la Ve République où les tractations d'entre-deux tours se limitaient le plus souvent à des négociations à l'intérieur des mêmes camps. Elle est le résultat de l'incroyable pression exercée par la montée de l'extrême droite et par l'installation durable dans le paysage électoral français d'une troisième force politique devenue la première en ordre d'importance. … Cette situation nouvelle fracasse tous les codes des soirées électorales antérieures. Elle laisse les perdants, la gauche et la droite, sans stratégie. Et sans voix."

La Vanguardia (ES) /

Les bombes n'ont pas aidé Hollande

Ni l'état d'urgence en France ni les bombes en Syrie n'ont permis aux socialistes d'éviter la débâcle aux élections régionales, commente le quotidien conservateur La Vanguardia : "La réaction énergique aux attaques terroristes, l'instauration de l'état d'urgence - pour la première fois sous cette forme depuis la guerre d'Algérie - et le bombardement des positions du groupe terroriste Daech n'ont pas aidé le tandem socialiste Valls-Hollande d'un point de vue électoral. Face à la conviction angoissante qu'il y aura de nouvelles attaques - les menaces émanant des banlieues des villes belges et françaises - la mise en scène de la riposte en Syrie, pays situé à des milliers de kilomètres, dans des actions qui font des victimes civiles, ne sert à rien. Les socialistes ont pu légèrement améliorer leurs sondages catastrophiques, mais cela ne leur a pas suffi pour l'emporter."