Annulation d'un concert de rap à Verdun

Samuel Hazard, maire de Verdun, a annulé le concert du rappeur Black M prévu dans le cadre des commémorations de la bataille de Verdun. Le maire a réagi aux critiques émanant de la droite et de l’extrême droite, qui ont rappelé qu’en 2010, le chanteur avait qualifié la France de 'pays de Kouaffars' (de mécréants). Cette annulation se justifie-t-elle ? Les commentaires de la presse française illustrent à quel point le pays est divisé quant au format approprié pour ces commémorations.

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Mediapart (FR) /

Une mémoire tronquée

L’historienne Laurence de Cock et le sociologue Karim Hammou regrettent sur Mediapart que l’extrême droite parvienne à monopoliser la mémoire collective française :

«La municipalité de Verdun aurait pu réfléchir à une scénographie moins focalisée sur la communication et le spectacle ; mais au-delà de cette critique, l’affaire révèle une logique politique et mémorielle beaucoup plus lourde et inquiétante. Outre qu’elle rejoint la sinistre cohorte des concessions faites à l’extrême droite, cette photo de famille monochrome et jaunie par le temps témoigne d’une mémoire tronquée et confisquée par une identité nationale rance. Au mépris de l’histoire, au mépris du présent, tout cela révèle une nouvelle fois le rejet radical ou le déni, de certain·e·s vis à vis des mémoires plurielles, aussi douloureuses qu’héroïques, qui travaillent les sociétés d’aujourd’hui.»

Boulevard Voltaire (FR) /

Une ministre indigne de sa fonction

La ministre française de la Culture a critiqué l’annulation du concert et dénoncé un 'ordre moral nauséabond'. Sur Boulevard Voltaire, Fabien Bouglé, élu de Versailles, exprime son indignation :

«Madame Audrey Azoulay s’est, elle aussi, parfaitement déshonorée en soutenant ce chanteur et l’idée même d’un concert festif, confondant fête de la Musique et commémoration du sacrifice de nos aïeuls morts au champ d’honneur. Il n’est plus acceptable qu’au nom de la liberté de la création soient diffusés, financés et exposés des artistes prônant, au choix, la pédophilie, l’antisémitisme, la cathophobie ou la haine de la France et des Français. La liberté de création ne permet pas tout et la ministre de la Culture doit prendre ses responsabilités. En refusant d’honorer dignement la mémoire de nos morts et en s’indignant de l’annulation de ce concert, elle a montré qu’elle n’était pas digne d’assurer la fonction qu’elle occupe.»