Vienne veut refouler des migrants à la frontière

En Autriche, la coalition ÖVP-SPÖ s'est mise d'accord sur le texte d'une ordonnance dite d'urgence. Celui-ci prévoit que les réfugiés puissent être refoulés à la frontière si le nombre de migrants atteignait un certain plafond, fixé pour cette année à 37.500. Ce règlement fait l'objet d'un débat controversé dans le pays tout comme dans les médias.

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Kurier (AT) /

Consigne de voter pour le FPÖ

Quand le plafond doit-il entrer en vigueur ? Rien n’est plus flou dans les positions du gouvernement, ce qui parachève d’exaspérer Kurier :

«Les uns veulent sévir sans plus tarder, car l’attentisme ne fait qu’aggraver le présumé état d’urgence. D’autres veulent que l’ordonnance entre en vigueur dès que le plafond de 37 500 réfugiés sera imminent. D’autres encore préconisent d’intervenir une fois le plafond de 37 500 atteint et d’autres enfin, une fois ce plafond dépassé. Le citoyen lambda, déconcerté par tant de confusion, retiendra deux choses : ce gouvernement donne presque quotidiennement et sans qu’on l’y oblige la consigne de voter pour le FPÖ. Si socialistes et conservateurs ne mettent pas fin à leur dilettantisme, dans trois semaines et demie, il se pourrait bien que Norbert Hofer pulvérise son record [aux présidentielles]. Quant au véritable état d’urgence, il ne règne pas dans le pays mais au gouvernement.»

Die Presse (AT) /

Le gouvernement veut maîtriser la situation

L'ordonnance d'urgence en matière d'asile est pour le gouvernement la tentative de se donner les moyens de maîtriser la crise migratoire, observe Die Presse:

«Sur le plan juridique, la crise migratoire a ouvert de nouveaux terrains à défricher. Le plafond et l'ordonnance d'urgence y afférente sont uniquement une tentative de définir un cadre réglementaire, voire d'avoir un effet dissuasif visant à freiner un nouvel afflux de réfugiés. Une sorte de dernier recours. Une tentative de respecter au minimum la Convention de Genève relative au statut des réfugiés sans pour autant être dépassé par les évènements. Rappelons cependant que cette Convention de Genève n'a pas été conçue pour des migrations de personnes en masse et des exodes de populations. ... Les expulsions sont l'exception, et non la règle. Quiconque se trouve sur notre territoire y reste, même sans papiers. Cette situation est certes un dilemme pour le législateur, mais le gouvernement ne peut pas se laisser priver de tout moyen d'action. Il essaie donc d'actionner tous les leviers, sous la forme de plafond et d'ordonnance d'urgence, pour maîtriser la situation.»