L'assouplissement quantitatif de la BCE : une politique efficace ?

La Banque centrale européenne maintient son taux d'intérêts zéro mais ne veut pas prolonger prématurément son programme d'achat d'emprunts. Certains éditorialistes critiquent une politique d'assouplissement qu'ils jugent insupportables pour les épargnants. Pour d'autres, la BCE a raison de recadrer des banques trop cupides et d'inciter les Etats à engager des réformes.

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Der Tagesspiegel (DE) /

La puissance de la banque centrale fait peur

Der Tagesspiegel craint que la BCE soit encore loin de renoncer à sa politique d'assouplissement quantitatif :

«Avec ses tours de passe-passe financiers, la BCE a mis le monde financier sens dessus-dessous. A-t-on jamais vu ailleurs qu’il faille dépenser de l’argent pour prêter de l’argent à quelqu’un ? C’est pourtant ce qui se produit. Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble gagne de l’argent avec ses obligations de l’Etat allemand parce que dans leur détresse, les investisseurs acceptent même des taux de rendement négatif. Les possédants et les entreprises paient des intérêts de pénalité auprès de leur banque quand ils laissent leur capital sur leur compte d’épargne. Le dépôt bancaire est sanctionné. … La banque d’émission agit de manière indépendante et autonome. C’est ce qui fait de la BCE une des institutions les plus puissantes d’Europe. Jeudi, elle a renoncé à montrer une fois de plus son pouvoir. Ou du moins pour l’instant. A titre préventif, [Mario] Draghi a fait savoir que s’il le fallait, il était prêt à agir ultérieurement avec tous les instruments à sa disposition. Une annonce qui fait froid dans le dos.»

L'Echo (BE) /

La BCE laisse les banquiers cupides sur leur faim

L'Echo se félicite pour sa part de la ténacité dont fait preuve la BCE envers les investisseurs et les banquiers qui espèrent un élargissement du programme d’assouplissement :

«La BCE ne compte donc pas se montrer plus généreuse pour le moment. Mais elle n’envisage pas non plus de revenir sur sa politique en cours, même si celle-ci affecte les banques. Récemment, plusieurs banquiers se sont plaints de la faiblesse des taux d’intérêt qui serait la cause de la réduction de leurs profits. Mario Draghi les a recadrés : selon lui, si les bénéfices des banques ont baissé cette année, c’est parce qu’ils avaient été exceptionnellement élevés en 2015 … grâce à la politique monétaire précisément. Investisseurs et banquiers ont une vertu [la patience] à apprendre. La BCE, elle, la possède déjà.»

Naftemporiki (GR) /

Les sages décisions de Draghi

Le quotidien économique Naftemporiki approuve également les décisions de la BCE :

«Mario Draghi s'est opposé à ceux qui espéraient un prolongement [des achats d'emprunts] au moins jusqu'à fin 2017, faisant valoir qu'il ne voyait actuellement pas la nécessité de prendre des mesures supplémentaires pour soutenir la monnaie. Pour Monsieur Draghi, la patience est l'une des plus grandes vertus. ... Dans un contexte de défis grandissants sur le plan économique et géopolitique, le président de la BCE doit à tout prix éviter une nouvelle confrontation avec le camp conservateur de la banque centrale, et notamment une rupture avec le président de la Banque fédérale d'Allemagne. ... A ce moment critique, le banquier de la BCE a constaté qu'il n'avait pas d'autre choix que recourir à l'attentisme pour mettre sous pression les gouvernements afin qu'ils redoublent de dynamisme pour relancer l'économie de leurs pays.»

La Stampa (IT) /

L'Italie doit profiter du répit actuel

Rome ne doit pas se reposer sur le fait que la BCE n'a pas encore resserré la vis, rappelle La Stampa :

«Tant que Mario Draghi continuera à acheter des emprunts d'Etat, l'Italie peut dormir sur ses deux oreilles, ou presque. Mais il faut s'interroger sur la suite. Lorsque Draghi annoncera que la période des incitations est terminée. Lorsque Rome ne sera plus protégée par le bouclier de la BCE. Lorsque la gestion de la gigantesque dette nationale absorbera des milliers de milliards de plus. ... Le gouvernement doit profiter de ce répit pour relancer la croissance par des réformes réelles (même coûteuses) orientées sur la structure d'une Italie riche en talents. Et les réformes doivent avoir pour objectif d'écarter les obstacles au développement de l'Italie. Il faut mettre à profit ce délai pour réduire les dettes publiques. ... Et on y parvient en générant de la croissance.»