Frais d'itinérance : une décision équitable ?

La Commission européenne a supprimé les frais jusqu'ici facturés en cas de communication sur téléphones portables passées depuis un autre pays membre. Les groupes téléphoniques ne peuvent exiger de frais de leurs clients que si ceux-ci téléphonent en permanence depuis un autre pays européen. Ceci est contraire à l'idée d'une Europe sans frontière, critiquent les uns, tandis que d'autres s'apitoient sur le sort des opérateurs téléphoniques, les grands perdants de la décision de Bruxelles.

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tagesschau.de (DE) /

Bientôt il y aura les bons et les mauvais clients

En supprimant les frais d’itinérance, la Commission européenne empiète largement sur nos libertés, fulmine tagesschau.de :

«Si l'on en croit la Commission européenne, le principe suivant sera valable à partir de l’été 2017 : les frais d’itinérance ne seront supprimés que si les utilisateurs que nous sommes n'abusent pas de cette liberté nouvelle. Elle laisse cependant aux opérateurs téléphoniques le soin de juger si tel est le cas. … Au lieu d’établir des factures, les boîtes télécom et compagnie vont ficher leurs clients, opérant une distinction entre les bons et les mauvais 'itinérants', avec la bénédiction de la Commission. Le comble c'est que dans le doute, ce sera à nous clients de nous justifier, si jamais il nous arrive d'être davantage en déplacement au sein de l'UE que d'habitude. Avec son initiative, la Commission européenne veut faire la promesse d’abolir l’itinérance. Mais pour ce faire, elle enfreint l’idée d’une Europe sans frontière, dans laquelle nous ne sommes pas rattachés par un lieu géographique donné, et encore moins attachés à un lien aussi trivial que des tarifs mobiles et les profits d’entreprises de télécommunication.»

L'Echo (BE) /

Les entreprises de télécoms sont les dindons de la farce

En renonçant à restreindre à 90 jours par an l’itinérance gratuite, la Commission européenne abandonne les opérateurs de téléphonie mobile, constate L’Echo :

«La mesure est un bienfait pour les gens et les entreprises, au nom de la libre circulation en Europe. Mais elle risque de coûter cher aux opérateurs télécoms, soumis à une forte concurrence sur le marché européen. … Qui se plaindra, en définitive, de ne plus payer de frais d’itinérance? Pas grand monde. Sur ce point, la Commission, girouette mais prudente, a fini par choisir l’intérêt du plus grand nombre. En contrepartie, elle donne aux opérateurs le droit de traquer les abus et d’imposer, le cas échéant, des frais supplémentaires. Maigre consolation, car dans les faits, cette traque s’avérera complexe tant la procédure est floue et mal définie. Sans conteste, ils sont les grands perdants dans cette affaire.»

Der Standard (AT) /

Mettre fin à une escroquerie

Les opérateurs de téléphonie ne pourront pas maintenir des frais d’itinérance qui n'ont plus lieu d’être, prédit Der Standard :

«Il y a une génération de cela, les communications passées vers les pays de l’UE sur les fixes étaient facturées un euro à la minute (nettement plus sur les portables), ce qui ferait aujourd'hui bondir d'effroi nos jeunes - indépendamment du fait qu’ils préfèrent communiquer via whatsapp plutôt que de téléphoner. Le marché, la concurrence a mis fin à ce genre d’escroquerie. C’est dans ce contexte qu’il faut replacer le débat sur la suppression totale des frais d’itinérance. Les responsables politiques l'ont souvent promise pour 2017. Il s’avère à présent qu’on nous a dissimulé une note en bas de page. Elle porte le doux nom de 'fair use' (utilisation raisonnable). Jusqu’à récemment, les opérateurs nationaux se sont remplis les poches en exigeant des frais d’itinérance exorbitants qui ont donné des factures très salées. C'est pourquoi ils les défendent bec et ongle. La Commission leur tend une perche. Mais cela ne servira à rien, car les frais d’itinérance sont les vestiges d’une époque révolue.»