Grèce : accord sur un nouveau programme d'austérité

Athènes s'est entendue avec ses créanciers sur un accord de principe prévoyant de nouvelles mesures d'austérité en contrepartie de nouveaux crédits. Ce programme de plus de 3,6 milliards d'euros prévoit des coupes allant jusqu'à 18 pour cent dans les retraites ainsi qu'un abaissement du seuil minimal d'imposition. La Grèce doit rembourser en juillet des crédits d'un montant de sept milliards d'euros. S'agit-il d'un compromis raisonnable ou d'un pacte funeste ?

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To Vima (GR) /

Le gouvernement fait enfin preuve de bon sens

Le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras a fini par tirer les leçons de ses erreurs, assure le journal en ligne To Vima :

«Malheureusement, la 'formation' des deux partis au gouvernement [Syriza et ANEL] a été très coûteuse : plus de 80 milliards d'euros de dettes supplémentaires pour le pays, la mise en place du contrôle des capitaux pour les banques et des crédits d'urgence de plus de 100 milliards d'euros. Sans oublier, ces deux dernières années, les milliers d'entreprises qui ont dû mettre la clé sous la porte et les dizaines de milliers de salariés qui ont perdu leurs emplois. Douze milliards d'euros ont été dépensés pour des mesures destinées à venir en aide aux citoyens, notamment les plus démunis, et la fuite des capitaux a représenté une perte de 60 milliards d'euros pour le pays. L'image de la Grèce a par ailleurs subi de nouveaux dommages. Mais il est impossible de changer tout cela désormais. Le gouvernement est devenu plus sage après ces deux années catastrophiques, il comprend mieux le fonctionnement du monde et des marchés, et il semble être devenu raisonnable.»

Der Standard (AT) /

Foncer

Le dernier accord en date entre Athènes et ses créanciers est à ce point vital qu'il ne peut souffrir de nouveaux retards, met en garde Der Standard :

«Alors que les Grecs ploient sous les dernières mesures d'austérité, l'Allemagne serine qu'il faut encore déterminer le montant des excédents primaires futurs de la Grèce. ... Un cocktail dangereux : car après de longues années de dépression, la Grèce connaît enfin une embellie. De nouvelles spéculations de faillite feraient rapidement dépérir cette plante fragile - comme en 2015, quand Athènes, en déviant du cap austéritaire, avait replongé l'économie dans la récession. Quels que soient les détails de la solution adoptée, il convient désormais d'éviter tout atermoiement. Il faut foncer.»

Dimokratia (GR) /

Sacrifiés sur l'autel des créanciers

Le quotidien Dimokratia, pour sa part, regrette que le gouvernement ait avalisé ce qu’il considère comme une destruction totale du pays :

«Le gouvernement est d'accord pour que les gens soient saignés aux quatre veines, et en contrepartie de ce sacrifice collectif, il a obtenu une promesse. Cela revient finalement à donner carte blanche aux créanciers. La résistance politique est faible, pour ne pas dire inexistante. L'atteinte directe aux droits professionnels et aux droits sociaux, la confiscation indirecte du patrimoine des Grecs par le biais de la fiscalité élevée et la pérennisation de l'ensemble des problèmes bureaucratiques de l'Etat ne sont que certains des 'cadeaux' que les 'sauveteurs' du pays ont fait à leurs électeurs. La troïka des créanciers ne rend bien entendu aucun compte aux Grecs ; elle exige au contraire que les Grecs lui rendent des comptes à elle, estimant que ceux-ci ont 'vécu au-dessus de leurs moyens' pendant des années.»