Chypre : le glossaire de la discorde

A Chypre, journalistes et politiques critiquent un glossaire de l'OSCE qui recense 56 termes et formulations problématiques en lien avec le conflit chypriote, et qui propose des alternatives dans certains cas. De l'avis des critiques, cette initiative viserait à brider la liberté d'expression et à introduire un vocabulaire qui falsifie des faits historiques. Les journalistes chypriotes sont divisés sur la question.

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Phileleftheros (CY) /

Une tentative de falsification de l'histoire

Ce glossaire est une infamie, s'insurge Phileleftheros :

«Des termes comme 'invasion', 'occupation' et 'leader des territoires occupés' sont frappés d'anathème. C'est une atteinte faite à l'éthique journalistique et à la démocratie elle-même, mais aussi une falsification de l'histoire chypriote contemporaine. Une tentative pitoyable d'embellir l'invasion turque et l'occupation. ... Le syndicat des journalistes chypriotes et la commission d'éthique ont une grande part de responsabilité, parce qu'ils ont donné leur feu vert à l'OSCE pour la publication d'un glossaire qui falsifie l'histoire et ne sert que le gouvernement d'Erdoğan. ... Il faut leur dire que l'on continuera à qualifier d'invasion l''opération de maintien de la paix' [de l'armée turque à Chypre en 1974].»

Cyprus Mail (CY) /

Non à l'hystérie nationaliste

L'hystérie générée par ce glossaire est tout à fait ridicule, commente Cyprus Mail :

«Nos politiques et journalistes peuvent remercier le Seigneur pour la publication de ce glossaire journalistique, car il leur fournit un prétexte en or pour donner libre cours à une colère moralisatrice et mettre en exergue leur opiniâtreté dans la guerre des mots. ... Les attaques portées contre ce glossaire - publié par l'OSCE, financé par l'Allemagne, les Pays-Bas et des membres des syndicats de journalistes des deux côtés de l'île, avec l'aide d'un rédacteur de langue maternelle anglaise - ont été un retour aux bons vieux temps de l'hystérie nationaliste et des sermons patriotiques, assaisonnés d'une bonne ration de xénophobie.»