Salvini dans le collimateur de la justice

La justice italienne a ouvert une enquête contre le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini. Après avoir bloqué des migrants pendant dix jours dans le port de Catane, le chef de file du parti xénophobe Ligue est soupçonné de "séquestration, arrestations illégales et abus de pouvoir". Cette procédure peut-elle inquiéter le ministre ?

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Deutschlandfunk (DE) /

Rien à perdre

Salvini montre au monde comment fonctionne le populisme de droite en Italie, selon Deutschlandfunk :

«Il marque des points auprès de nombreux Italiens, bien qu'il bafoue le droit en vigueur et qu'il se serve d'être humains comme d'un moyen de pression dans sa dispute avec l'UE. Les Italiens le voient : d'un point de vue national du moins, il réussit, du moins en partie. ... Salvini récolte ainsi sournoisement des voix, sans avoir grand chose à perdre au plan personnel, car il est peu probable qu'il comparaisse un jour devant un tribunal. Il est en effet difficile d'instruire une enquête contre un ministre. ... Il faudrait que le M5S rompe avec son partenaire de coalition, la Ligue, et abandonne Salvini. Et cela, le M5S ne le fera pas, même si ce qu'il fait déplaît à un grand nombre de stellistes. Car il est clair désormais que c'est la Ligue de Salvini qui tirerait son épingle du jeu en cas d'élections anticipées, et non le M5S.»

Avvenire (IT) /

L'arrogance du pouvoir

Salvini se croit probablement au-dessus des lois, peste le juriste Mario Chiavaro dans Avvenire :

«Les provocations et le ton méprisant du vice-Premier ministre Salvini vis-à-vis des magistrats qui ont engagé une procédure à son encontre pour séquestration, détention illégale et abus de pouvoir, peuvent sembler moins graves moralement, mesurées à l'aune de ses prises de position habituelles. Cet individu, l'un des principaux représentants des institutions, qualifie en effet de 'croisières' des traversées qui sont, pour de nombreux être humains, des voyages de la mort. Or l'esprit de ces propos est le même, et cette arrogance, sans égal dans le monde politique actuel, est très préoccupante.»

Dimokratia (GR) /

La fin d'une hypocrisie

Salvini met le doigt où ça fait mal, juge le quotidien conservateur Dimokratia :

«Il a dévoilé la propagande qui entoure la question des réfugiés, et dont profitent de nombreux protagonistes (subventions aux ONG, main d'œuvre bon marché pour les patrons, etc.). Et voilà que tout le monde le critique. Ils veulent lui nuire uniquement parce qu'il leur dit la vérité en face, à savoir que ce petit jeu ne peut se poursuivre aux dépens de son pays. ... La vérité, c'est que dans les pays méridionaux, où les Allemands ont imposé les mémorandums et l'implacable logique austéritaire, des centaines de milliers de personnes souffrent, et personne ne se soucie de leur sort. Et pourtant, chaque fois qu'un migrant clandestin fait parler de lui, l'affaire fait les gros titres en Europe.»

888.hu (HU) /

De vaines vociférations avant la visite d'Orbán

La rencontre prévue entre Viktor Orbán et Matteo Salvini à Milan ce mardi fait grincer des dents, selon le portail proche du gouvernement 888.hu :

«Le ministre italien de l'Intérieur a la conviction de partager avec Viktor Orbán un objectif commun impératif : protéger les frontières extérieures de l'Europe. En Italie, la rencontre entre Orbán et Salvini a suscité des glapissements, surtout dans les rangs de la gauche libérale de l'ancien gouvernement [Renzi]. Elle a même annoncé une manifestation selon la devise : 'L'Italie n'est pas Salvini et l'Europe n'est pas Orbán.' Antonio Tajani, le président du Parlement européen, s'est joint à ce concert de gesticulations, et a formulé l'espoir que Salvini réussisse à convaincre Orbán de la nécessité de répartir les réfugiés en Europe.»