Roumanie : un procureur général bientôt remercié ?

Le gouvernement roumain veut destituer le procureur général Augustin Lazăr. Le ministre de la Justice Tudorel Toader lui a reproché mercredi d'avoir outrepassé ses attributions. Lazăr est le dernier enquêteur en chef des trois instances du Parquet qui n'ait pas encore été destitué. Le dernier mot revient au président Klaus Iohannis. Cette déchéance serait-elle justifiée ?

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Jurnalul National (RO) /

Les faits le démontrent

Pour le quotidien proche du gouvernement Jurnalul National, le limogeage du procureur général Augustin Lazăr est justifié :

«Il n'a jamais été le procureur général de la Roumanie, mais toujours celui de l'Etat parallèle. Lazăr avait continué à signer des accords confidentiels avec le [service roumain de renseignements] SRI alors que la Cour constitutionnelle avait déjà interdit à ce dernier une mise sur écoute sans restrictions. Il s'est adressé de façon brusque au ministre de la Justice ; il a rendu difficile la réforme des lois régissant le système judiciaire ; il a menti sans ciller face aux institutions internationales ; il a entravé des investigations à l'encontre de procureurs ayant abusé de leur fonction. La liste n'est-elle pas suffisamment longue pour justifier une destitution ?»

Ziare (RO) /

Bruxelles ne doit plus fermer les yeux

Si l'UE n'intervient pas maintenant, elle va à l'encontre de ses propres principes, estime le portail d'information Ziare :

«La Commission européenne peut-elle fermer les yeux face aux nouvelles violations lorsque l'on considère que ce qui se passe actuellement en Roumanie est pire que l'évolution de la situation en Hongrie et en Pologne ? Dans ces pays, il s'agissait uniquement de questions d'interprétation. Chez nous, il s'agit de criminels qui cherchent à sauver leur peau. Dans ce contexte, comment est-il possible que la Commission européenne puisse même renoncer à prendre une résolution à l'encontre de cette puissance [le gouvernement] qui foule aux pieds la Roumanie et brave ouvertement l'Europe ? Cela signifierait que l'UE nie ses propres institutions et principes et en fin de compte se désavoue elle-même.»