L'université Soros quitte la Hongrie - une perte pour le pays ?

La Central European University (CEU) fondée par George Soros va transférer l'essentiel de ses activités de Budapest à Vienne, à la rentrée 2019. Une nouvelle loi interdit à l'établissement privé de délivrer des diplômes américains. De plus, le gouvernement a récemment refusé de parapher un accord passé avec l'Etat de New York, qui aurait permis un maintien des activités de la CEU.

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Index (HU) /

Un corps étranger dérangeant dans l'univers Orbán

Gábor Miklósi, rédacteur en chef adjoint du portail Index, explique pourquoi la CEU est une épine dans le pied de Viktor Orbán :

«Il voit la CEU d'un mauvais œil car il s'agit d'une université privée autofinancée et que, par conséquent, le gouvernement ne peut influer, par le biais du robinet des finances, sur le choix des enseignants, des étudiants et des contenus enseignés. De surcroît, la CEU est de loin l'université la mieux cotée de Hongrie dans les classements internationaux. Viktor Orbán n'aime pas les électrons libres qui ont l'audace de le critiquer ou qui se mettent au travers de son chemin. ... Une université qui recherche la vérité scientifique, qui considère donc les débats publics comme essentiels et qui est fréquentée par des étudiants et des enseignants hongrois est un corps étranger dérangeant pour un régime nationaliste en plein repli sur soi. »

Magyar Hírlap (HU) /

La championne du monde du bluff

Le quotidien proche du pouvoir Magyar Hírlap trouve démesuré le battage fait autour de la CEU :

«Selon le Washington Post, l'ambassadeur des Etats-Unis en Hongrie, David Cornstein, a eu des mots dépréciatifs sur la CEU. ... Il a indiqué ne pas comprendre comment le sujet avait pu prendre une telle ampleur. Or il en connaît bien évidemment la raison. Si la CEU a tant d'importance, ce n'est pas en raison de ses dimensions, mais de son réseau de relations et de son travail de lobby. Quand il s'agit de bluffer, la CEU est grande championne. C'est la raison pour laquelle elle arrive en tête des listes de publications, qu'elle est bien placée dans différents classements d'universités, que ses diplômés trouvent du travail, et que les médias claironnent la joie des Viennois à l'annonce du déménagement de la CEU dans leur ville.»