Une survivante de l'Holocauste sous protection policière

Liliana Segre, 89 ans, nommée sénatrice à vie en 2018, est une rescapée du camp d'extermination d'Auschwitz et une autorité morale en Italie. Après avoir reçu de nombreuses menaces et des injures antisémites sur les réseaux sociaux, elle bénéficie désormais d'une protection policière. Les médias italiens y voient un aveu d'échec pour son pays et dressent des parallèles avec le passé.

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HuffPost Italia (IT) /

Le retour de la barbarie

Liliana Segre est le révélateur des maux du pays, assure la journaliste et présentatrice TV Sabrina Scampini sur le portail Huffington Post Italia :

«Elle est devenue le symbole du danger d'une dégénérescence collective, la représentation vivante du point le plus bas d'une inexorable dérive culturelle et humaine, l'incarnation d'un passé si abominable que l'on refuse de croire qu'il puisse revenir frapper à notre porte. ... Nous vivons une période de retour à la barbarie, un monde pétri de stéréotypes, de phrases toute faites, d'ignorance et de préjugés ; un climat toujours plus enclin à l'affrontement qu'à l'écoute et à la compréhension de l'autre ; nous avons peur de dire que le racisme et l'antisémitisme existent encore, parce que nous croyons être différents - meilleurs que ce que nous étions jadis.»

Corriere della Sera (IT) /

Salvini n'a rien compris

Matteo Salvini, chef de file du parti d'extrême droite Ligue, en guise de commentaire, a indiqué qu'il recevait lui aussi de nombreuses menaces. Salvini ne prend visiblement pas la mesure de la situation, déplore le chroniqueur Pierluigi Battista dans Corriere della Sera :

«Salvini, en comparant les menaces de mort adressées à Liliana Segre aux propos haineux formulés à son encontre, montre qu'il ne comprend pas que tout n'est pas identique et comparable, que l'Holocauste n'est pas un quelconque crime politique, que Liliana Segre n'est pas la cible de menaces pour ce qu'elle dit, mais pour ce qu'elle est : parce qu'elle est juive. Et parce que les juifs, en 2019 en Italie, sont toujours la cible d'une haine incommensurable et tenace.»