Espagne : la gauche parviendra-t-elle à former une coalition ?

Au lendemain de sa victoire aux législatives du 10 novembre, le Premier ministre espagnol sortant Pedro Sánchez (PSOE, socialiste) a aussitôt conclu un accord avec Unidas Podemos (UP, gauche radicale). Mais pour former un gouvernement stable, les deux formations auront besoin de l'appui, ou du moins de l'abstention, de la Gauche républicaine catalane (ERC, séparatiste). Les médias espagnols jaugent les chances de réussite de cette alliance de gauche.

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El Periódico de Catalunya (ES) /

Sánchez, un moindre mal

Afin d'éviter tout renforcement de l'extrême droite, il faut que les séparatistes d'ERC fassent un compromis, juge El Periódico de Catalunya :

«Même si c'est problématique, il faut que Pedro Sánchez soit Premier ministre. Et l'ERC, qui a tiré les enseignements de son unilatéralisme indépendantiste, sait qu'il est préférable pour l'Espagne d'avoir un gouvernement progressiste disposé au dialogue plutôt que de se diriger vers de nouvelles élections au résultat incertain, et à l'issue desquelles [le parti d'extrême droite] Vox pourrait connaître un nouvel essor. Quoi qu'il en soit, l'ERC admet qu'emboîter le pas au [parti conservateur] PP et à Vox, et voter contre l'investiture Sánchez, n'arrangera rien.»

eldiario.es (ES) /

Une alliance qui repose sur des pieds d'argile

eldiario.es doute que le mariage de raison entre le PSOE et Unidas Podemos tienne :

«Pour venir à bout des différences en ces temps orageux, il faudra faire preuve de beaucoup de finesse politique et d'habileté. Des vertus dont ni Pedro Sánchez ni Pablo Iglesias [secrétaire général d'UP] n'ont fait preuve jusqu'ici. Il faudra ensuite mener des réformes : retraites, éducation, santé et financement autonome des régions. Il faudra aussi revenir sur l'interdiction de manifester et supprimer, partiellement ou entièrement, la réforme du code du travail. ... Le tout dans un cadre budgétaire très contraignant, ce qui engendrera des déceptions, voire des contestations ; et cela sera suivi de près par Bruxelles, mais aussi par le monde des affaires.»