L'Irlandais Paschal Donohoe élu chef de l'Eurogroupe

Paschal Donohoe, ministre des Finances irlandais depuis 2017 et affilié au parti conservateur Fine Gael, est le nouveau chef de l'Eurogroupe. Les ministres des Finances de la zone euro l'ont préféré jeudi à la ministre espagnole de l'Economie, Nadia Calviño, qui était pourtant soutenue par l'Allemagne, la France et l'Italie. A quelle politique financière peut-on s'attendre sous son égide ?

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El País (ES) /

Fallait-il un dirigeant issu d'un paradis fiscal ?

Si l'on veut vraiment renforcer les intérêts européens, il y a de quoi s'interroger sur la nomination d'un chef de l'Eurogroupe irlandais, déplore El País dans son éditorial :

«Car l'Irlande rejette toute forme d'harmonisation du droit fiscal. Elle s'oppose à une taxe, aussi infime soit elle, sur les multinationales américaines du secteur des nouvelles technologies (la 'taxe Google', à laquelle est favorable une majorité des pays de l'UE) - des groupes qui ont pour la plupart leur siège social européen en Irlande. Elle promeut de surcroît l'adoption d'un impôt minimal sur les sociétés. Il s'agit donc d'un pays où règnent des conditions semblables à celles d'un paradis fiscal - ce qui a pour conséquence de fausser la concurrence.»

La Repubblica (IT) /

La balance européenne penche à droite

On peut au moins se réjouir du fait que l'Irlandais n'est pas un irréductible partisan de la discipline budgétaire, estime La Repubblica :

«Donohoe, 45 ans, membre du parti Fine Gael (affilié au PPE), a battu l'Espagnole Nadia Calviño, qui était soutenue par le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, ainsi que par la France, l'Allemagne, l'Italie et le Portugal. Après le départ du socialiste portugais Mario Centeno, l'Eurogroupe change ainsi de couleur politique et la répartition des postes de pouvoir dans l'UE penche désormais en faveur des conservateurs. Du point de vue des finances publiques cependant, Donohoe, conformément à la tradition irlandaise, ne suit pas la rigidité nordique. Il est certain qu'il aurait été préférable pour l'Italie que le choix se porte sur Calviño, celle-ci étant sensiblement hostile à la politique d'austérité. ... Mais les ministres des pays du Nord l'ont jugée trop nerveuse et trop peu encline au compromis.»