Etats-Unis et Russie prolongent le traité New Start

Les Etats-Unis et la Russie se sont mis d'accord pour prolonger le traité New Start jusqu'à 2026. Celui-ci limite les arsenaux atomiques des deux pays, qui représentent près de 90 pour cent de toutes les armes nucléaires existant dans le monde. Le président américain, Joe Biden, y voit un "gage de stabilité stratégique". Les journaux européens saluent aussi cette décision, même si certains ont des réserves.

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Keskisuomalainen (FI) /

Judicieux à plusieurs égards

L'importance du traité New Start ne saurait être minimisée, juge Keskisuomalainen :

«Donald Trump s'était efforcé d'orchestrer le retrait de son pays du système international de règles et d'accords. Le traité New Start aurait expiré le vendredi de la semaine prochaine. Pour la première fois depuis un demi-siècle, les armes nucléaires n'auraient plus été encadrées par un traité. ... Ce traité de désarmement a fait ses preuves au titre de mécanisme de surveillance - la transparence s'accroît et le risque de déclencher involontairement une guerre suite à des erreurs se réduit. En outre, la course à l'armement, qui coûte énormément cher, pourrait s'accélérer en l'absence d'accord. On a compris aujourd'hui, aussi bien à Washington qu'à Moscou, qu'il est judicieux de prolonger ce traité sur les armes nucléaires, à un moment où les relations entre les grandes puissances ne sont pas bonnes.»

Sme (SK) /

Inclure la Chine

Du point de vue de Sme, la prolongation du traité n'est une bonne chose qu'à certaines conditions :

«Trump, le prédécesseur de Biden, avait deux bonnes raisons de ne pas prolonger l'accord. La première, la violation de celui-ci par le Kremlin. La seconde, la volonté de Trump d'y inclure la Chine. Pékin est en train de développer son arsenal nucléaire, ce qui constitue déjà, aux yeux des Etats-Unis, un risque considérable pour la sécurité. Les arguments de Trump étaient légitimes et suffisants pour justifier qu'il agisse comme il l'a fait. Il est absurde de croire qu'il a déchiré les traités dans un accès de folie.»

Süddeutsche Zeitung (DE) /

D'autres accords sont plus importants

Les deux camps profitent de la prolongation du traité, explique Süddeutsche Zeitung :

«Les Etats-Unis, et par là la nouvelle administration Biden, gagnent ainsi in extremis un temps précieux pour préciser leur politique en matière d'armement ces prochaines années. Si la Russie, de son côté, modernise son arsenal nucléaire, elle n'a pas les moyens économiques, en ces temps de vaches maigres, de financer une course à l'armement dangereuse, qui ne soit pas plafonnée par une limite maximale. Ceci dit, la prolongation de New Start ne constitue pas un nouveau départ. C'est surtout un nouveau traité INF sur les missiles de moyenne portée qui augmenterait la sécurité de l'Europe. Mais sa mise en place est pour l'heure hors de portée.»

Wiener Zeitung (AT) /

Ne pas se réjouir trop tôt

Avec ou sans New Start, Biden ira davantage à la confrontation avec la Russie que son prédécesseur, estime le politologue Gerhard Mangott dans Wiener Zeitung :

«Cette entente est exceptionnelle, elle ne deviendra pas la règle. ... La mise en avant de la démocratie et des droits humains, et le soutien actif à la démocratie seront nettement plus marqués sous Biden que pendant le mandat de Trump. La nouvelle administration américaine formule déjà de vives critiques quant à la situation des droits humains en Russie. ... Biden s'attellera aussi à raffermir les relations transatlantiques et il fera pression sur l'OTAN et l'UE pour qu'elles revoient leur politique vis-à-vis de la Russie. L'enjeu, dans un premier temps : l'adoption de nouvelles sanctions contre la Russie. ... Les signes sont davantage à la confrontation qu'à la coopération.»