Les renseignements roumains veulent davantage de pouvoirs

En Roumanie, les services de renseignement intérieur et extérieur, SRI et SIE, veulent élargir leurs prérogatives. Un projet de loi parvenu à la presse prévoit notamment de les affranchir du contrôle du Parlement, de les autoriser à créer des entreprises et d'accorder l'immunité à leurs agents. Un projet qui suscite la méfiance de la presse nationale.

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Observator Cultural (RO) /

Ils voudraient reprendre la main

Le politologue Cristian Pîrvulescu évoque une possible résurgence de la tristement célèbre Securitate de l'ère Ceaușescu :

«Même si le projet de loi évoluait d'ici sa présentation finale par le gouvernement et son vote au Parlement et qu'il connaissait des changements substantiels, le seul fait qu'il soit proposé est déjà en soi symptomatique de la tentation illibérale qui semble s'imposer comme une norme dans le milieu des services secrets roumains. La volonté de contrôler la société et l'économie, comme le faisait la Securitate en son temps, est révélatrice d'une aversion pour la démocratie libérale et la protection des libertés fondamentales, mais aussi et surtout pour l'Etat de droit et la promotion des droits humains.»

Deutsche Welle (RO) /

Risque de prise de pouvoir sournoise

Sur l'antenne roumaine de Deutsche Welle, la journaliste Sabina Fati tire la sonnette d'alarme :

«Les services secrets ne sont pas des institutions démocratiques. ... S'ils trouvent le moyen de renforcer leur pouvoir, ils prendront les commandes, de manière plus ou moins subtile, par le biais du réseau d'agents dont ils disposent, notamment en politique, dans la presse ou l'économie. Aujourd'hui déjà, la loi autorise les renseignements intérieurs (SRI) à disposer d'entreprises secrètement noyautées, d'administrations autonomes, d'hôpitaux et d'ONG. Les renseignements extérieurs (SIE) ne jouissent pas de ces prérogatives, mais personne n'interdit ce genre d'activités, que le Parlement n'est pas en mesure de contrôler, de toute façon. ... Le projet de loi ne prévoit pas de toucher à ces privilèges, mais de les élargir considérablement à l'avenir.»