Procès du crash du vol MH17 : le verdict est tombé

En 2014, le vol MH17 était abattu au-dessus de l'Ukraine orientale, causant la mort des 298 personnes à bord. Huit ans après, un tribunal d'Amsterdam a rendu son verdict : deux Russes et un Ukrainien ont été condamnés à la prison à perpétuité et devront dédommager les familles des victimes à hauteur de 16 millions d'euros. Ils sont accusés d'avoir utilisé un missile BUK de fabrication russe pour abattre le Boeing de Malaysia Airlines. Les chroniqueurs y voient un verdict qui fera date.

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Volodymyr Fessenko (UA) /

Sanctionner aussi les commandants

Ce verdict ne peut être qu'un premier pas, fait valoir le politologue Volodymyr Fessenko dans un post Facebook :

«Cette condamnation souligne la nécessité de sanctionner tous les individus se rendant coupables de crimes de guerre dans le conflit actuel. Quoi qu'il en soit, ce verdict forge un précédent primordial. Il faut désormais passer à l'étape suivante. On ne peut plus se contenter de condamner les coupables directs. Il faut aussi et surtout sanctionner les instigateurs de ces méfaits, ceux qui donnent l'ordre de commettre des crimes de guerre et de bombarder des villes paisibles.»

Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

Juger les crimes de guerre commis en Ukraine

Le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung y voit lui aussi un procès pionnier :

«Le procès relatif au crash du vol MH17 doit permettre d’œuvrer dès aujourd'hui à l'élucidation judiciaire des crimes de guerre [en Ukraine]. Vu l'ampleur des crimes commis, rien ne s'oppose à la création, avant même la fin des combats, d'un tribunal international spécial qui documente les faits et engage de premières procédures contre les criminels connus. Ceci renforcerait la possibilité qu'ils payent bel et bien pour leurs crimes le moment venu.»

Süddeutsche Zeitung (DE) /

Victoire pour l'Etat de droit

La détermination et le souci d'équité ont fait triompher la vérité, se félicite Süddeutsche Zeitung :

«Le Kremlin a présenté des 'faits alternatifs' dans le seul but de corrompre une vérité patente, de semer le doute et de provoquer l'agacement. Le seul moyen adéquat à opposer à cette démarche perfide est celui d'une justice indépendante, digne de confiance et déterminée. Sans oublier le sens de l'équité, lorsqu'il s'agit d'acquitter l'un des accusés n'ayant participé que très indirectement au tir de missile. Pour l'Etat de droit mais aussi - n'ayons pas peur des mots - pour l'Occident libéral, ce procès est une victoire. Le triomphe de la vérité. »

De Volkskrant (NL) /

Une réponse à la barbarie

De Volkskrant salue un procès exemplaire :

«Ce procès est la parade de l'Etat de droit à la barbarie, une barbarie qui a coûté la vie à 298 personnes. ... La dignité et la persévérance dont l'Etat de droit a fait preuve ont davantage impressionné que les mensonges et la malhonnêteté des auteurs. L'acquittement d'un accusé n'a fait que renforcer l'estime portée à ce procès. ... Pour les proches, [le jugement] a constitué un élément important, voire l'aboutissement de leur travail de deuil. Pendant ce temps, à quelques 2 000 kilomètres à l'est des Pays-Bas, la guerre fait toujours rage, une guerre dont la destruction du vol MH17 avait été le prélude.»

De Standaard (BE) /

Un procès qui confirme l'implication russe

De Standard souligne que les chaînes de commandement ne protègent pas non plus d'une condamnation :

«Il est désormais clair que les auteurs ne pourront échapper à une condamnation, malgré la complexité de cet attentat et l'opacité de la chaîne de commandement. Et puis, il y a la portée du jugement sur le plan international. La Russie a nié toute implication dans la guerre en Ukraine en 2014 - sa version étant que des séparatistes de l'Est auraient agi de leur propre initiative. La condamnation de deux Russes dévoile désormais officiellement ce lien. Les conclusions du procès sur le MH17 nous en disent long sur l'invasion russe ouverte que nous vivons aujourd'hui.»

Tages-Anzeiger (CH) /

C'est Poutine qui devrait être sur le banc des accusés

La Russie n'a pas commencé sa guerre d'extermination contre l'Ukraine il y a neuf mois seulement, fait remarquer Tages-Anzeiger :

«Le début de la guerre remonte au moins à l'annexion russe de la Crimée, au printemps 2014, avec l'appui de Moscou aux mercenaires dans l'est de l'Ukraine. ... Le tribunal d'Amsterdam est convaincu que Moscou a piloté les mercenaires postés dans cette région et qu'elle leur a fourni les munitions nécessaires. ... Deux des condamnés échapperont à leur peine car ils se cachent en Russie, le troisième combattrait contre l'Ukraine. Mais passons, car de toute façon, c'est Poutine qu'il aurait fallu juger à Amsterdam. Sans sa guerre contre l'Ukraine, les passagers du MH17 seraient toujours en vie.»