Portugal : pourquoi les enseignants font-ils grève ?

Au Portugal, les enseignants sont en grève depuis le mois de décembre. Ils réclament des CDI, la revalorisation de leurs salaires et une hausse des investissements dans les écoles. Les contestations devront s'échelonner sur tout le mois de janvier. Les commentateurs partagent leurs préoccupations.

Ouvrir/fermer tous les articles
Expresso (PT) /

Enseigner : mission impossible

Selon Expresso, la situation des enseignants est insoutenable :

«Le gouvernement est aux commandes depuis sept ans, mais les enseignants ont été ignorés, prolétarisés, raillés et supprimés de la liste des priorités depuis bien des années. ... Un 'CDI' est une rareté absolue, un véritable jackpot. Tous les ans, des enseignants sont contraints à faire des remplacements dans une école située à deux cents kilomètres, voire plus, de l'école à laquelle ils ont été affectés à l'origine. Ils ne sont nulle part chez eux (sans pour autant être des nomades digitaux). Ils sont des sortes de représentants itinérants, qui doivent éplucher une paperasse sans fin et doivent parallèlement faire cours à nos enfants et petits-enfants.»

Público (PT) /

Un pilier de la démocratie

Dans Público, le politologue André Freire soutient les revendications des grévistes :

«Une école publique de qualité est un pilier essentiel de la démocratie. Comme elle n'est pas sélective, mais inclusive, comme elle ne fait pas de prosélytisme confessionnel ou autre, elle est pluraliste du point de vue idéologique, religieux et politique. C'est pourquoi il est indispensable d'avoir des enseignants bien payés dont les emplois sont garantis et permettent des évolutions de carrière.»

Observador (PT) /

Un nouveau syndicat ouvre les yeux à la société

Depuis que les enseignants se sont émancipés du syndicat Fenprof, proche du parti communiste, ils peuvent compter sur un soutien plus large, constate Observador :

«Fenprof, le syndicat historique des enseignants, s'était toujours focalisé sur les salaires, entraînant une réaction de mépris envers les enseignants de la part de la population. ... C'est n'est que lorsque les enseignants ont commencé à prendre la parole sans la casquette du Fenprof, et ce au sein du nouveau syndicat STOP, que la population a compris que leur seule cause n'était pas la défense de leurs salaires. Ils se sont battus et continuent à se battre en faveur de l'éducation, notamment en faveur du droit à l'éducation des personnes aux faibles ressources.»